Chine - Etats-Unis : 90 jours de suspension mutuelle sur une partie des droits de douane punitifs

La Chine et les Etats-Unis ont publié ce 12 mai une déclaration conjointe marquant un tournant significatif dans leurs relations économiques et commerciales. La réunion, tenue à Genève, la capitale suisse, et scruté par le monde entier, témoigne d'une volonté renouvelée de coopération entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales, après des mois de tensions exacerbées par des surtaxes douanières mutuelles et une rhétorique protectionniste.

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Les deux géants se sont accordés à une suspension partielle, des surtaxes douanières imposées, il y quelques semaines pour un délai de 90 jours. En clair, Washington s'est engagé à suspendre 24 points de pourcentage du taux de droit ad valorem (taxe dont le montant est basé sur la valeur d'une transaction ou d'un bien) supplémentaire sur les produits chinois, incluant ceux en provenance de Hong Kong et Macao imposé par le décret présidentiel du 2 avril. Le taux résiduel de 10 % sera temporairement maintenu. Dans un geste de réciprocité, la Chine appliquera une suspension équivalente sur ses propres surtaxes touchant les produits américains, en miroir de la mesure américaine.

Plus encore, les deux parties ont convenu de supprimer les hausses tarifaires additionnelles décrétées successivement entre le 8 et le 9 avril 2025, qui avaient envenimé les échanges. Pékin s'engage en outre à lever un ensemble de contre-mesures non tarifaires adoptées à l'encontre des produits et entreprises américaines depuis début avril, allant d'obstacles réglementaires à des restrictions sectorielles ciblées.

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Ces décisions ramènent donc provisoirement les droits de douane américains sur la Chine à 30 % et les droits de douane chinois sur les Etats-Unis à 10 %, pendant la poursuite des tractations entre les deux pays, a expliqué le représentant américain au Commerce Jamieson Greer, lors d'une conférence de presse à Genève, rapporté par plusieurs sources. La suspension mutuelle des droits de douane punitifs prendra effet ‘'d'ici au 14 mai''.

Un dialogue structuré et durable

Mais au-delà de la dimension technique de cette désescalade tarifaire, c'est l'engagement à long terme en faveur d'un dialogue économique structuré qui retient l'attention. Les deux pays ont annoncé la mise en place d'un mécanisme permanent de discussions, incarné par des figures de poids : He Lifeng, vice-Premier ministre chinois, fera face au tandem américain formé par Scott Bessent, secrétaire au Trésor, et Jamieson Greer, représentant au Commerce. Les réunions se tiendront alternativement en Chine, aux Etats-Unis, ou dans des lieux tiers, illustrant une volonté d'équilibre et de transparence.

D'après des sources consultées par Sika Finance, l'annonce de cette désescalade tarifaire a immédiatement soulagé les marchés financiers, notamment la bourse de Hong Kong qui a bondi par exemple de plus de 3% dans les minutes suivant la publication du communiqué commun. De son côté, le dollar, qui avait pâti de la guerre commerciale, s'est repris face au yen et à l'euro.

Une percée diplomatique sous tension

Cet accord, fruit de discussions intenses menées dans la discrétion à Genève, intervient dans un contexte géopolitique tendu, où la rivalité stratégique sino-américaine reste vive. Si la déclaration souligne un ‘'esprit d'ouverture mutuelle, de communication continue, de coopération et de respect mutuel'', les observateurs restent prudents. La suspension des surtaxes qui est limitée dans le temps (90 jours), pourrait être révoquée si les négociations venaient à échouer.

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Cependant, en rompant avec une logique de confrontation systématique, Pékin et Washington envoient un signal fort, celui de la reconnaissance mutuelle de l'interdépendance économique. A l'heure où le ralentissement de la croissance mondiale inquiète les marchés et où les tensions géopolitiques menacent la stabilité du commerce international, cette déclaration constitue une avancée saluée par les milieux d'affaires et les chancelleries. La balle est désormais dans le camp des négociateurs, à eux de transformer cette trêve tarifaire en architecture durable de stabilité économique mondiale.

Narcisse Angan

Publié le 12/05/25 15:38