Climat : Le plus grand fonds vert mondial joue son va-tout face à la baisse des aides publiques

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Dans un contexte de contraction des aides publiques au développement et d'exacerbation des tensions géopolitiques, le Fonds vert pour le climat (FVC) prend un virage offensif sans précédent. L'institution multilatérale, pilier du financement climatique international, vient d'annoncer le plus vaste cycle d'investissement de son histoire : 1,2 milliard de dollars seront mobilisés pour 17 projets à fort impact, majoritairement en Afrique et en Asie.

Alors que l'OCDE prévoit une chute dramatique de l'aide au développement — -9% en 2024 et -17% en 2025, notamment du fait des coupes budgétaires américaines décidées par le président Donald Trump —, le FVC cherche à éviter le scénario du désengagement climatique international. Mieux, il entend accélérer le déploiement des financements et simplifier ses procédures, avec une volonté affichée de travailler plus étroitement avec les acteurs locaux et régionaux.

Répondre à l'urgence climatique par une ingénierie financière de rupture

Parmi les annonces phares, 227 millions de dollars seront consacrés à la dynamisation des marchés d'obligations vertes dans dix pays émergents. Ces obligations permettent aux entreprises et aux États de lever des capitaux sur les marchés financiers pour financer des projets environnementaux ou de transition bas carbone. Cette mesure est stratégique, car elle vise à structurer des écosystèmes financiers nationaux capables de mobiliser des fonds privés, tout en renforçant la crédibilité des cadres réglementaires locaux.

Autre décision majeure, 200 millions de dollars seront injectés dans le Fonds indien de financement vert, ciblant le développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique en Asie du Sud, région hautement émettrice mais en pleine mutation industrielle.

En Afrique de l'Est, 150 millions de dollars seront dirigés vers des systèmes alimentaires durables, avec un impact direct attendu sur près de 18 millions de bénéficiaires. Cette intervention témoigne d'une approche systémique du climat, où agriculture, résilience, nutrition et environnement sont considérés comme interdépendants.

Une réforme interne pour réduire l'inertie décisionnelle

Le FVC n'investit pas uniquement dans les projets, il réforme également sa propre architecture administrative, souvent critiquée pour sa lenteur et sa complexité. Jusque-là, il fallait 30 mois en moyenne pour accréditer une entité d'accès direct (DAE), c'est-à-dire un organisme local habilité à porter un projet. L'objectif désormais est de réduire ce délai à 9 mois, grâce à une simplification des procédures, une digitalisation du processus d'accréditation et une évaluation en amont des risques au niveau des projets eux-mêmes.

En élargissant la collaboration avec les institutions financières multilatérales accréditées, mais aussi avec des acteurs locaux, le FVC veut désengorger les canaux historiques du financement climatique tout en rendant ses actions plus pertinentes, plus adaptées aux besoins nationaux, et plus rapides à exécuter.

Avec cette nouvelle vague d'investissements, le portefeuille global du FVC atteindra 18 milliards de dollars, répartis sur 133 pays, ce qui en fait le plus grand instrument multilatéral de financement climatique au monde.

Mais le contraste entre les engagements et les décaissements reste sensible. En effet, sur 29,9 milliards de dollars promis, seulement 21 milliards ont été effectivement versés. En d'autres termes, près de 30% des contributions attendues n'ont pas encore été honorées, ce qui fragilise la capacité du FVC à planifier ses engagements à long terme.

La Rédaction

Publié le 04/07/25 08:34

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