Congo : Une reprise économique fragile sous le poids de la dette

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Le Congo aborde la fin de l'année 2025 sur une trajectoire économique fragile, partagée entre reprise et contrainte budgétaire. Selon les dernières estimations de la Banque mondiale, la croissance du PIB congolais devrait atteindre 3,4% cette année, portée par la remontée des cours pétroliers et un rebond modéré du secteur des services. Mais cette embellie reste insuffisante pour compenser le poids d'une dette publique évaluée à plus de 95% du PIB, soit l'un des niveaux les plus élevés de la sous-région.

Les paiements d'intérêts représentent désormais près de 3% du PIB, contre à peine 1,8% avant la crise sanitaire, ce qui signifie qu'un franc CFA sur cinq du budget de l'État sert à rembourser la dette. Cette situation illustre le dilemme budgétaire du pays qui doit poursuivre l'assainissement exigé par les bailleurs, tout en relancant l'investissement public pour soutenir la croissance. D'autant que les dépenses sociales restent comprimées, dans un contexte où l'inflation moyenne avoisine 4,8% et où le pouvoir d'achat des ménages piétine.

Malgré cette pression financière, certains indicateurs laissent entrevoir des opportunités. Les exportations de pétrole ont progressé de 7% sur les neuf premiers mois de 2025, soutenues par un baril de Brent stabilisé autour de 78 dollars. Les recettes publiques devraient ainsi croître de plus de 10% sur l'année, renforçant temporairement les marges de manœuvre du Trésor. Mais la dépendance du Congo à ses hydrocarbures reste un frein avec le pétrole qui représente encore près de 60% du PIB et plus de 85% des exportations. Hors pétrole, la croissance reste inférieure à 2%.

Pour diversifier l'économie, Brazzaville mise sur la logistique et les corridors régionaux. Le corridor ferroviaire Brazzaville-Pointe-Noire et la future connexion au corridor du Lobito, soutenue par la Banque africaine de développement, pourraient réduire les coûts de transport de 30 à 40% selon les projections. Ces chantiers sont perçus comme de véritables catalyseurs d'investissements privés, notamment dans les secteurs minier, agro-industriel et des matériaux de construction.

Le gouvernement doit désormais trouver le juste équilibre entre discipline financière et croissance inclusive. Le FMI recommande une réduction du déficit primaire à moins de 1% du PIB d'ici 2026, tandis que les investisseurs attendent des signaux plus forts sur la gouvernance budgétaire et la gestion de la dette. Entre prudence macroéconomique et impératif de relance, Brazzaville joue sa crédibilité économique et sa capacité à redevenir un pôle attractif au cœur de la CEMAC.

Idrissa DIAKITE

La Rédaction

Publié le 10/10/25 08:42

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