Dette publique : Le Cameroun rembourse 631 milliards FCFA à fin juin 2025

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Au premier semestre 2025, le Cameroun a consacré un peu plus de 631 milliards FCFA au service de sa dette publique, d'après les données de la Caisse autonome d'amortissement (CAA). Plus des trois quarts de ce montant – environ 76 % – ont été dirigés vers les créanciers extérieurs, le reste allant aux créanciers intérieurs.

Les chiffres publiés par la CAA au 30 juin font état de 489,9 milliards FCFA versés pour le remboursement du principal et de 141,4 milliards FCFA pour les intérêts et commissions. La dette extérieure a absorbé 449,8 milliards FCFA sur les six premiers mois de l'année, soit une progression de plus de 34 % par rapport à la même période de 2024. En parallèle, le service de la dette intérieure a reculé de 42 %, à 155 milliards FCFA.

Selon le document de programmation budgétaire 2026-2028, cette évolution s'explique en partie par un ajustement de trésorerie, dans le cadre de la loi de finances rectificative en lien avec l'exercice budgétaire en cours. Certaines échéances intérieures ont été reportées afin de couvrir les frais liés à une opération d'emprunt externe qui devrait se concrétiser cette année.

Cette opération, d'un montant de 100 milliards FCFA, est conduite avec la Banque mondiale et la banque française Natixis. Les estimations officielles évoquent environ 34,5 milliards FCFA mobilisés grâce à ce décalage pour absorber une partie des coûts induits par cet emprunt.

Ce schéma ne signifie pas nécessairement que l'État ait établi une hiérarchie stricte entre dettes intérieure et extérieure. Mais le poids croissant accordé aux paiements à l'international intervient à un moment où le pays se prépare à solliciter à nouveau les marchés étrangers : environ 200 milliards FCFA d'ici la fin de l'année, puis, en 2026, un emprunt international estimé à un milliard d'euros (près de 656 milliards FCFA).

Cette prédominance du service de la dette extérieure pourrait s'expliquer par la volonté implicite de présenter un profil de remboursement irréprochable vis-à-vis des investisseurs internationaux. Ces derniers, généralement plus exigeants en matière de discipline financière, scrutent de près la régularité des paiements avant de souscrire à de nouveaux instruments de dette. Une telle attitude pourrait donc contribuer à sécuriser l'accès aux financements extérieurs à des conditions plus favorables.

Sur le marché régional, en revanche, les conditions se sont nettement durcies. Selon le rapport sur l'économie camerounaise en 2024, publié récemment par le ministère de l'Économie, entre 2020 et 2024, le taux moyen sur les bons du Trésor camerounais à court terme est passé de 2,67 % à 6,33 %. En février 2025, l'État a proposé un taux moyen inédit de 6,95 % sur ses émissions à court terme, dépassant légèrement la moyenne régionale (6,88 %).

À titre de comparaison, ces titres affichaient encore un rendement de 2,8 % en février 2022, puis de 4,12 % un an plus tard. Cette progression est principalement alimentée par la concurrence accrue entre les États pour attirer l'épargne disponible et par la hausse des besoins de financement à court terme.

Cette situation pèse sur les finances publiques. En 2024, les charges d'intérêts représentaient 8 % des recettes budgétaires, l'un des ratios les plus élevés des dix dernières années, rappelle le rapport susmentionné.

Le directeur général du Trésor, Moh Sylvester Tangongho, le soulignait en avril dernier lors d'un colloque international sur la dette souveraine en zone CEMAC : " Il y a deux ans, nous levions des bons du Trésor à 2,2 %. Aujourd'hui, nous sommes entre 6 et 6,5 % ". Plus préoccupant encore, les taux de couverture – qui reflètent l'appétit des investisseurs – se sont nettement contractés : " Nous avions parfois 300 % de couverture. Aujourd'hui, il arrive que nous ayons du mal à lever les montants recherchés".

Dans ce contexte, le recours aux marchés internationaux pourrait permettre de diversifier les sources de financement. Les autorités explorent également d'autres pistes, comme les financements climatiques, les obligations vertes ou encore la finance durable.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 05/08/25 14:06

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