Flambée des prix en Côte d’Ivoire et en Afrique : Les raisons

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Les populations à l'échelle mondiale ressentent actuellement une forte érosion de leur pouvoir d'achat depuis que le monde a commencé à se remettre de la grave crise sanitaire dont l'origine remonte à fin décembre 2019 à Wuhan, une province chinoise, grâce notamment à l'accélération des campagnes de vaccination contre la Covid-19.

En effet, si celles-ci (les populations) sont heureuses de retrouver peu à peu une vie normale avec la levée progressive des mesures de distanciation sociale, force est de reconnaître qu'elles font face depuis le début de l'année 2021 à une hausse soutenue des prix sur la plupart des biens de consommation.

Augmentation de 40% des prix des matières contre une hausse de 34% des prix des denrées alimentaires

Cette constatation est corroborée par une augmentation de près de 40% des prix des matières premières non énergétiques sur les 5 premiers mois de l'année 2021, perceptible à travers l'indice des prix des produits de base de la Banque mondiale.

Dans la même veine, les prix des principaux produits alimentaires tels que les huiles végétales, les produits laitiers, les céréales, le sucre et la viande, ont grimpé d'environ 34% à fin juin 2021, en rythme annuel, sur les marchés internationaux selon l'indice calculé par la FAO (Fonds des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture).

Les raisons de cette flambée des prix

Cette flambée des prix à l'échelle mondiale est essentiellement expliquée par la robustesse de la demande mondiale des matières premières ainsi que la faiblesse du dollar américain, inhérente à la politique monétaire ultra accommodante de la Réserve fédérale (FED).

On note également l'appétit des spéculateurs comme un facteur non négligeable de la hausse des prix, en raison notamment des taux d'intérêt bas et de la crainte de l'inflation.

Cette situation est principalement à la base des tensions inflationnistes observées dans presque tous les pays du monde, particulièrement en Afrique où la détérioration des termes de l'échange est plus marquée.

En effet, le fait que les pays africains exportent des produits de base à faible valeur ajoutée contre les importations des produits manufacturés à forte valeur ajoutée, constitue la principale source de l'inflation sur le continent dans le contexte actuel.

En d'autres termes, le fait que les usines en Asie, en Europe et en Amérique s'approvisionnent en matières premières onéreuses, les amènera à répercuter ce surplus de coût dans le prix de vente de leurs produits finis dont dépendent la quasi-totalité des économies du continent.

De fait, l'une des conséquences apparentes de la crise sanitaire mondiale reste incontestablement la désorganisation des chaînes d'approvisionnement mondiales dont les effets sur la cherté de la vie sont directs.

Cela se traduit concrètement par des difficultés d'approvisionnement en marchandises d'un pays à un autre. A titre d'illustration, si avant la pandémie il suffisait d'attendre quelques semaines pour acheminer un conteneur de la Chine vers les pays africains, maintenant il faut patienter plusieurs mois (3 à 4 mois selon les importateurs).

De plus, la forte demande pour le fret maritime a entraîné une explosion des coûts des conteneurs. Par exemple, les coûts supportés par un importateur ivoirien pour acheminer un conteneur de 40 pieds à partir de la Chine a plus que triplé en passant en moyenne de 4 500 dollars (2,5 millions FCFA) avant la pandémie à environ 16 000 dollars (8,9 millions FCFA) actuellement.

La forte demande pour le fret maritime a entraîné une explosion des coûts des conteneurs. Par exemple, les coûts supportés par un importateur ivoirien pour acheminer un conteneur de 40 pieds à partir de la Chine a plus que triplé en passant en moyenne de 4 500 dollars avant la pandémie à environ 16 000 dollars actuellement.

L'inflation galopante observée dans plusieurs pays africains, en l'occurrence en Afrique du Sud, au Ghana, au Kenya et au Nigéria notamment, n'est que la résultante de tous ces dysfonctionnements constatés au niveau du commerce mondial.

Une analyse du niveau général des prix dans ces 5 pays ci-dessus entre octobre 2020 et juin 2021, fait ressortir une hausse plus marquée de l'inflation à partir du mois de janvier 2021.

A cet effet, l'inflation en Côte d'Ivoire est passée de 2,3% en janvier 2021 à 3,5% en juin 2021. Idem en Afrique du Sud où l'inflation s'est accélérée de 3,2% en janvier à 4,9% en juin 2021.

Parallèlement, l'inflation au Nigéria qui reste l'une des plus élevées du continent s'est établie à 17,75% en juin 2021 après avoir atteint un pic de 18,17% en mars 2021. S'agissant du Ghana, on note que l'inflation a été la plus irrégulière sur la période avec une alternance de phases baissières et haussières.

Voir aussiCôte d'Ivoire : L'inflation décélère à +3,5% en juin 2021

En définitive, on note que les tensions inflationnistes observées sur la plupart des biens de consommation sur le continent sont à appréhender dans un contexte global marqué par la mise en œuvre des plans de relance par les différentes économies à l'échelle mondiale. Ce qui favorise une augmentation plus rapide de la demande par rapport à l'offre.

A ce propos, pour la plupart des Banques centrales de la région dont la mission est de veiller à la stabilité des prix, il s'agit d'une situation conjoncturelle surtout que les différents objectifs d'inflation qu'elles se sont assignées restent toujours applicables.

Ainsi, malgré cette augmentation des prix au Kenya, l'inflation est toujours dans la fourchette cible de 2,5 à 7,5% fixée par la Banque centrale du pays, quand au Ghana, cette fourchette est comprise entre de 6% à 10%. Pareil pour l'Afrique du Sud où la Banque centrale autorise une inflation comprise en 3 et 6%.

Concernant la Côte d'Ivoire, la BCEAO table sur une inflation maximale de 3%, un objectif qui demeure toutefois atteignable au regard de l'évolution des prix dans le pays.

Dr Ange Ponou

Publié le 27/07/21 18:33

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