Isidore TANOE, PDG de Majoris Financial Group : ''Je suis partisan d’un marché avec des instruments financiers nombreux et variés ...''

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Niamkey Isidore TANOE, PDG de Majoris Financial Group :

Je suis partisan d'un marché avec des instruments financiers nombreux et variés ...

 

Après 20 années passées à diriger Atlantique Finance, la SGI du groupe Banque Atlantique sur le marché régional de l'UEMOA, Niamkey Isidore TANOE ouvre une nouvelle page de son parcours professionnel avec sa holding financière Majoris Financial Group.   

Ex-président de l'APSGI, l'association professionnelle des sociétés de gestion et d'intermédiation de l'UEMOA, ce parfait connaisseur du marché partage son regard rétrospectif sur les dynamiques enregistrées à la BRVM, ses expériences, les grands changements en vue et ses projets. ‘'Il y a des niches à exploiter sur le marché'', confie-t-il. Interview.

Vous faites partie de ces personnes ayant participé depuis le début à la construction et à l'animation du marché financier régional. Du haut de vos 20 années d'expérience, quel est votre regard sur l'évolution de ce marché qui a connu des hauts et des bas ?

En jetant un regard sur les 20 dernières années, on peut dire sans se tromper que l'évolution de notre marché a connu un comportement classique de tout marché boursier en création, avec une hausse des cours, suivie d'un repli, d'un tassement et ensuite d'une reprise. Maintenant, la durée de chacune de ses phases dépendra de plusieurs variables telles que la qualité des acteurs, la profondeur du marché, la connaissance boursière des investisseurs…

Concernant notre marché boursier régional, sa construction a été une prouesse technologique car elle réunit plusieurs pays autour d'une bourse unique, basée à Abidjan. La Côte d'Ivoire était le seul pays qui possédait un marché boursier organisé à travers la Bourse des Valeurs d'Abidjan (BVA). Il y avait donc des investisseurs plus ou moins avertis dans ce pays qui avaient été habitués au comportement des actions en bourse avec le lot des privatisations des sociétés ivoiriennes. Ce qui n'était pas le cas pour la majeure partie des autres pays de l'Union.

La BRVM connaît l'évolution classique de tout marché boursier en création …

Cette disparité de culture boursière au sein de l'union a forcément eu un impact sur le comportement du marché. On a assisté à un engouement des investisseurs dans les premières années au fur et à mesure des introductions à la cote de sociétés provenant des autres pays de l'union. On se rappelle tous de l'introduction de Sonatel, des banques du groupe BOA, de ONATEL … Chaque introduction d'une société d'un pays de l'union contribuait d'une part à dynamiser davantage le marché avec l'arrivée de nouveaux investisseurs provenant du pays d'origine de l'émetteur, et d'autre part à offrir des possibilités de diversification des portefeuilles.

Le Conseil régional de l'épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), la BRVM et les SGI ont joué leur partition dans l'éducation et la formation des investisseurs, mais malheureusement le comportement souvent erratique de quelques-uns de ces investisseurs a eu des conséquences importantes sur le marché. Également, la spéculation a ainsi parfois pris le dessus sur le placement à moyen et long terme. On a donc assisté à des variations fortes des cours sur des volumes très faibles de titres, amplifiés par un manque de liquidité et de profondeur du marché. 

Le retour haussier des indices constaté depuis l'année dernière devrait se maintenir dans le temps …

Toutefois, les investisseurs institutionnels (caisses de retraites, fonds de pension, sociétés de gestion d'actifs…) qui sont des investisseurs avertis ont relativement joué leur rôle de tampon pour atténuer voire absorber les ventes des personnes physiques.

En outre, la conjoncture politico-économique de certains pays de l'union a fragilisé bon nombre d'entreprises cotées à la Bourse Régionale.

Tous ces facteurs ont eu pour conséquence un repli des cours boursiers qui a été long pour les investisseurs il est vrai, mais les principaux acteurs du marché sont unanimes en disant que nous avons atteint le creux de la vague, et le retour haussier des indices constaté depuis l'année dernière devrait se maintenir dans le temps.

 

Revenant sur les bas, la BRVM vient de traverser sa pire série baissière depuis sa création, entre 2016 et 2020. Une période qui a fait paniquer certains investisseurs, singulièrement les particuliers. L'on se rend d'ailleurs compte que ceux qui ont pu renforcer leur position durant cette phase se frottent aujourd'hui les mains avec la forte remontée des cours. Quelles sont les grandes leçons à retenir pour l'avenir ? 

La réponse se trouve dans votre question : " renforcer ses positions en situation baissière pour réduire son coût moyen d'achat ". Mais cela n'est vrai que si nous sommes un investisseur de long terme et que la baisse du cours n'est pas liée aux fondamentaux de la société.

Le repli profond des cours dont vous parlez entre 2016 -2020, a suivi une hausse de près de 15 ans depuis 1998, date de démarrage de la BRVM. Les cours se sont fortement appréciés durant cette période. Certaines sociétés ont vu leurs prix doubler, voire tripler. De plus, les politiques de fractionnement des cours adoptées par la BRVM ont permis de rendre le marché bousier accessible à de nombreux investisseurs, ce qui a été une très bonne chose. Nous avons donc connu de très bonnes années de tendance haussière lourde.

Mais comme vous le savez, " tout ce qui monte, fini par descendre ". Les investisseurs ont jugé qu'il était opportun d'engranger les bénéfices latents, de constater les plus-values.  Ils se sont donc mis en position de vendeurs.

Il est vrai que certains facteurs extérieurs, comme le départ de certains fonds émergents de notre marché qui a entraîné un rapatriement des capitaux vers d'autres marchés, ont accentué le phénomène, mais pour ma part, je trouve que le marché était surévalué et un ajustement était tôt ou tard nécessaire.

Concernant la panique des investisseurs particuliers dont vous faites cas, il est légitime d'avoir un tel sentiment, mais pour un investisseur à long terme qui comprend les facteurs et les mécanismes de détermination du cours des actions, cette situation devrait même être une opportunité comme vous le dites vous-même : ceux qui en ont profité pour réduire leur coût moyen d'achat, se frottent aujourd'hui les mains avec la forte remontée des cours.

Pour vous qui avez été à la tête de l'APSGI, quels ont été les grands acquis de votre passage à la présidence de cette association régionale ? Et plus globalement, quelles sont les grandes évolutions du marché auxquelles vous avez contribuées et dont vous êtes le plus fier ? 

L'APSGI est l'association professionnelle des sociétés de gestion et d'intermédiation de l'UEMOA et ses missions sont la défense des intérêts de ses membres et la promotion de leurs activités ainsi que celles du marché financier en général. Dans ce cadre, nous avons activement participé à la réforme du marché préconisée par le conseil des ministres de l'UEMOA en vue de moderniser son fonctionnement pour améliorer sa performance. 

A ce titre, nous avons énormément travaillé sur la refonte des textes de base du marché, notamment le Règlement Général pour permettre l'introduction de nouveaux instruments financiers tels que les produits dérivés ou encore le mécanisme de prêt et emprunt de titres.  

Un autre chantier qui a vu le jour sous notre mandature a été le projet de la bourse en ligne, qui donne la possibilité aux SGI de passer des ordres de bourse directement sur la plateforme de la BRVM, ce qui génère un gain opérationnel non négligeable. 

Je ne parlerai pas de fierté, mais de satisfaction du travail accompli. 

Je ne parlerai pas de fierté, mais de satisfaction du travail accompli.

Lors de mes réponses précédentes, j'ai insisté sur le rôle des acteurs du marché, leurs connaissances des techniques boursières qui devraient concourir à contrer les comportements souvent irrationnels de certains investisseurs particuliers. Pour ce faire, nous avons organisé des formations en vue du renforcement de compétences du personnel des SGI. Ces ateliers ont couvert des domaines aussi importants que le conseil financier, l'analyse financière, la gestion de portefeuille, le métier de conservateur et du dépositaire.

En outre, nous avons travaillé à la création de la confédération des associations professionnelles des acteurs des marchés des capitaux de l'Afrique, dont nous sommes un membre fondateur et qui regroupe le Nigéria, le Ghana, l'Egypte, le Maroc, le Kenya et l'Ile Maurice. L'objectif de cette association est d'accompagner le projet d'interconnexion des marchés des capitaux du continent qui vise à accroître les échanges transfrontaliers.

La liste est longue, mais voilà ci-dessus quelques points saillants de notre mandature à la tête de l'APSGI.

 

De nouveaux développements sont en vue sur notre marché avec notamment les produits dérivés, la finance islamique, les obligations vertes, l'interconnexion avec d'autres marchés boursiers, etc. Comment entrevoyez-vous le marché régional sur les 10 prochaines années ? 

Notre marché sera un marché dynamique, profond, diversifié, moderne et avec des acteurs professionnels. Je suis partisan d'un marché avec des instruments financiers nombreux et variés.

En effet, ces nouveaux produits cités ci-dessus, constituent une réponse à certaines problématiques du marché financier régional, notamment le manque de profondeur, de diversification des supports de placement, et de liquidité du marché.

Je suis partisan d'un marché avec des instruments financiers nombreux et variés ...

J'ai souvent tendance à dire que ces instruments ne sont pas réellement nouveaux.  Ils existent depuis des lustres sur d'autres marchés financiers. Ils ont été éprouvés et ils ont fait leurs preuves. Il nous revient donc de les adapter à notre environnement et pourquoi pas les améliorer. Nous en sommes capables. Nous avons l'expérience, l'intelligence et l'expertise. 

Nous vivons dans des pays en développement à fort besoin de capitaux, mais avec une épargne faible et une économie très peu bancarisée. Il nous faut donc des instruments financiers variés pouvant nous permettre de toucher différentes catégories d'agents économiques ...

Retrouvez la suite de l'interview dans le dernier numéro du trimestriel Sika Finance à télécharger gratuitement via le lien ou en cliquant sur la une du magazine ci dessous.  

 

Jean Mermoz Konandi

Publié le 24/08/22 12:03

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