La BAD et ONU‑Habitat scellent un nouveau pacte pour transformer les villes africaines

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En marge de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), la Banque africaine de développement (BAD) et ONU‑Habitat, entité des Nations unies œuvrant pour une urbanisation durable, ont signé ce 1ᵉʳ juillet, un mémorandum d'entente qui rebat les cartes de l'urbanisation durable sur le continent africain. L'accord, conclu en Espagne, renouvelle et élargit un partenariat entamé en 2006, autrefois centré sur l'eau et l'assainissement, pour couvrir désormais quatre chantiers décisifs. Il s'agit de la gouvernance urbaine, le logement, les finances municipales et les infrastructures.

La gouvernance urbaine vise à renforcer les cadres institutionnels et la planification pour éviter l'étalement anarchique. Le logement va soutenir des programmes qui mêlent régularisation foncière, matériaux locaux et construction verte. Les finances municipales vont accompagner les villes vers une meilleure gestion de la dette et l'accès aux marchés des capitaux, via le Fonds de développement urbain et municipal de la BAD. Enfin, les infrastructures auront à privilégier des projets ‘'climato‑intelligents'' dans les transports, l'eau et l'énergie, adossés à des modèles de financement mixtes.

Avec une population estimée à 1,3 milliards d'habitants et appelée à franchir la barre des 2,4 milliards d'ici 2050, l'Afrique vit la plus grande transition urbaine de son histoire. En effet, plus de la moitié de ses citadins résident déjà dans des quartiers informels, souvent dépourvus de services essentiels et exposés aux chocs climatiques. Pour le président sortant de la BAD, Akinwumi Adesina, l'enjeu est clair : ‘'Il existe des moyens d'utiliser les marchés financiers pour améliorer considérablement le développement des villes. Mobiliser des capitaux privés exigera de sortir des schémas publics traditionnels'', a‑t‑il déclaré lors de la cérémonie de signature, rapporte un communiqué de la Banque publié ce 2 juillet.

Pour sa part, la directrice exécutive d'ONU‑Habitat, Anacláudia Rossbach, a placé la barre plus haut :  ''L'urbanisation en Afrique peut être soit un formidable moteur de prospérité, soit un facteur d'aggravation de la pauvreté et de l'exclusion. Notre collaboration vise à faire des villes des pôles de résilience, d'équité et d'action climatique, sans laisser personne de côté''.

Une alliance adossée à l'agenda mondial du financement

L'accord s'inscrit dans la dynamique de la FfD4, qui a adopté lundi le ‘'Compromiso de Sevilla'' et lancé la ‘'Sevilla Platform for Action'', un catalogue de 130 initiatives pour combler le déficit de financement des Objectifs de développement durable (ODD). Dans cette atmosphère où l'absence des Etats‑Unis réoriente les regards vers d'autres bailleurs, la BAD et ONU‑Habitat comptent capitaliser sur des vitrines, telles que le Forum urbain mondial et l'Africa Investment Forum pour attirer les investisseurs.

La coopération a déjà un projet‑pilote : le Plan directeur de l'EcoCity d'Eswatini, conçu pour héberger plus de 100 000 personnes dans des logements bas carbone tout en créant des chaînes de valeur agricoles. L'initiative servira de laboratoire pour des solutions reproductibles dans d'autres pays du continent. D'ici fin 2025, la BAD et ONU‑Habitat publieront des feuilles de route nationales et mobiliseront un pool d'experts pour former les autorités locales. Les premières obligations municipales adossées à leurs conseils techniques sont attendues dès 2026 dans trois capitales d'Afrique de l'Est.

L'importante de cet accord réside dans la transition verte. En effet, 70 % des émissions urbaines africaines proviennent du bâti et des transports. Orienter la planification vers des infrastructures sobres en carbone est crucial pour atteindre les engagements climatiques de l'accord de Paris.
Ce protocole d'accord signe le retour de l'Afrique au centre des débats sur le financement urbain mondial. Dans un contexte de rareté de l'aide publique, il mise sur la créativité financière et la coopération pour transformer l'explosion démographique en opportunité plutôt qu'en bombe à retardement.

Narcisse Angan

Publié le 03/07/25 08:52

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