La dernière réunion du Comité de Politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) de l'année 2024 s'est tenue ce 23 décembre à Yaoundé et sans surprise, l'institution a décidé de prolonger le statu quo sur ses taux directeurs. Ainsi le TIAO (taux d'intérêt des appels d'offres), son principal taux de refinancement, reste à 5% ; le taux de la facilité de prêt marginal qui est prévu pour les avances effectuées aux banques par le BEAC pour 24h est reconduit à 6,75% tandis que la facilité de dépôt reste à 0%. C'est la septième fois d'affilée que l'institution maintient ses taux inchangées après les avoir relevés de manière ininterrompus à partir de novembre 2021. Comparé à la BCEAO, les taux de la BEAC sont particulièrement élevés ce qui traduit une volonté de réduire la réduire la création monétaire qui, selon l‘institution alimente l'inflation.
Pourtant, la BEAC reconnaît elle-même que la plupart des indicateurs économiques de la région connaissent une évolution "contrastée". Par exemple, pour 2024, le CPM table sur une croissance du PIB régional de 2,7% contre une précédente estimation de 3,6% faite au mois de mars. Cette projection se situe également en dessous de la moyenne en Afrique subsaharienne (3,6%, selon le FMI). L'inflation devrait se maintenir à 4,4%, au-dessus du seuil communautaire de 3% ; l'excédent du compte courant devrait replier à 1,1% du PIB de même que le taux de couverture extérieur de la monnaie qui reculera à 71,2% (contre 74,8% en 2023). Le niveau des réserves de changes de la CEMAC reste également sur une tendance baissière s'établissant à 4,4 mois d'importations de biens et services fin 2024 contre 4,9 mois en 2023.
L'économie de la CEMAC traverse actuellement une période difficile que seule une décision de la Banque centrale ne pourrait inverser, mais des experts estiment que les leviers actionnés jusqu'ici par l'institution (la régulation des liquidités et les taux directeurs) sont insuffisants pour juguler la pression inflationniste et relancer la croissance intérieure. Il est, par exemple, suggéré à la BEAC de stimuler la production agricole à travers des financements ciblés par secteur afin de réduire l'exposition des populations aux denrées importées.
"À notre humble avis le levier le plus efficace contre l'inflation reste le soutien à la production (augmentation des quantités disponibles sur le marché) et la facilitation des échanges par la mise à disposition en quantités suffisantes des signes monétaires nécessaires ayant cours légal", estime Barnabé Okouda, économiste camerounais qui est à la tête d'un think thank gouvernemental dénommé Camercap-Parc. Cela ouvre certainement la voie à un débat plus large sur l'impact de la politique monétaire de la BEAC sur l'économie réelle.
Par ailleurs, concernant le niveau de réserves extérieures de la CEMAC, il a été récemment annoncé lors de la dernière réunion des chefs d'États que ces avoirs reculeraient à moins de 3 mois d'importations au cours des 5 prochaines années ouvrant la porte à une dévaluation monétaire, après celle de 1994. Pour préserver les réserves extérieures de la région, la BEAC a été mandatée pour s'accorder avec les multinationales pétrolières et minières afin qu'elles rapatrient les fonds dédiés à la restauration des sites miniers. Un défi de taille, car depuis plusieurs années, ces opérateurs ont formellement engagé un bras de fer pour continuer à domicilier leurs avoirs dans des comptes offshores.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 24/12/24 13:23
306,52 0,48%
15/07/2025 La RDC veut imposer la préférence nationale dans les recrutements d’employés pour les grands projets
15/07/2025 Congo : Plus de 1 300 milliards FCFA de dettes à court terme à rembourser d’ici fin 2025
15/07/2025 Le Burkina redonne vie à ses plans d’eau avec un projet de plus de 300 milliards FCFA
15/07/2025 UMOA-Titres : Près de 420 milliards FCFA d’offres aux Etats en une semaine
15/07/2025 Le Nigéria obtient 747 millions USD pour la phase 1 du projet autoroutier côtier Lagos-Calabar
15/07/2025 Côte d’Ivoire : Le CEPICI à l’offensive pour fluidifier la création d’entreprise
15/07/2025 La BAD lance une réforme de fond pour faire de la jeunesse africaine un levier de croissance
Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.