La Chine relance la natalité par le versement d’une allocation annuelle de 500 USD

La Chine a beau compter encore plus de 1,4 milliard d'habitants, le pays affronte l'un des défis démographiques les plus critiques de son histoire contemporaine. Face en effet à une natalité en berne et à une population en déclin pour la troisième année consécutive, le gouvernement central vient d'annoncer une mesure sans précédent. Il s'agit du versement d'une allocation annuelle de 3 600 yuans (500 dollars), soit 285 000 FCFA, par enfant de moins de trois ans, rapportent des médias internationaux.

L'objectif affiché est la relance des naissances et l'enrayement d'un recul démographique structurel qui menace à terme la dynamique économique du pays, sa productivité et son équilibre social. Une approche qui rompt avec la politique de l'enfant unique abandonnée en 2016. Ce soutien sera rétroactif pour les enfants nés à partir du 1er janvier 2025. Des aides réduites seront également versées aux familles dont les enfants sont nés entre janvier 2022 et cette date.

C'est la première fois qu'une politique nataliste est mise en œuvre au niveau national en Chine. Jusqu'ici, les aides relevaient d'initiatives locales, souvent inégales et limitées dans le temps. Mais ce soutien financier reste modeste comparé aux initiatives de certaines villes. À Hohhot, capitale de la Mongolie intérieure, une famille peut recevoir jusqu'à 12 000 euros pour la naissance d'un troisième enfant. À Tianmen, les naissances ont bondi de 17% après des aides substantielles.

Une démographie en chute libre

En 2024, la Chine a enregistré seulement 9,54 millions de naissances, soit près de deux fois moins qu'en 2016. Pour la première fois depuis le début du recensement moderne, la population a diminué de 1,39 million de personnes sur un an. En 2023, le pays avait déjà perdu son statut de nation la plus peuplée au monde au profit de l'Inde. La dynamique est si inquiétante que les projections des Nations unies estiment désormais que la population chinoise pourrait passer sous la barre des 800 millions d'habitants d'ici à 2100, contre plus de 1,4 milliard actuellement.

Une crise systémique, bien au-delà de l'argent

Si la mesure est saluée comme un symbole fort, de nombreux experts restent sceptiques quant à son efficacité réelle. Car au-delà du coût, les causes du déclin démographique sont multiples et profondes. A savoir, le coût élevé de l'éducation et du logement, particulièrement dans les grandes villes, la pression professionnelle, qui décourage les femmes de concilier carrière et maternité, le changement culturel, avec un nombre croissant de jeunes citadins revendiquant le choix de ne pas avoir d'enfants, et la faible protection sociale, notamment en matière de congé parental, de services de garde ou d'équilibre travail-famille.

Narcisse Angan

Publié le 30/07/25 11:58