C'est un rare signal de confiance envoyé aux marchés financiers internationaux par un souverain africain. Le gouvernement de la Namibie a procédé, le 29 octobre dernier au remboursement intégral de son eurobond de 750 millions de dollars, soit 427,23 milliards FCFA, en une seule journée, soit la plus importante échéance de dette dans l'histoire du pays.
Émise en 2015 à un taux de 5,25%, cette obligation marquait la seconde incursion du pays sur les marchés internationaux, après une première émission réussie en 2011.
L'opération a été financée par un fonds d'amortissement de la dette (sinking fund), alimenté au fil des années à hauteur de 444 millions de dollars, complété par des emprunts auprès d'institutions financières locales, notamment Standard Bank Namibia, FNB Namibia, Bank Windhoek et Absa Namibia.
Cette combinaison de ressources locales et d'épargne publique traduit la stratégie prudente adoptée par les autorités pour limiter l'exposition aux risques de change et stabiliser la structure de la dette.
Un modèle de gestion prudente de la dette souveraine
Pour Johannes !Gawaxab, gouverneur de la Banque de Namibie, ce remboursement symbolise la solidité du cadre de gestion budgétaire du pays. ‘'Nous avons payé'', a-t-il déclaré, soulignant la volonté du pays de respecter scrupuleusement ses engagements financiers.
Le ministre des Finances, Ericah Shafudah, y voit un gage de crédibilité renouvelée : ‘'Ce rachat renforcera notre solvabilité et nous positionnera favorablement pour d'éventuelles interventions futures sur les marchés financiers mondiaux si les circonstances l'exigent''.
Ce règlement intégral témoigne de la discipline macroéconomique du pays, qui a réussi à équilibrer ses besoins de financement tout en préservant une partie de ses réserves. Celles-ci devraient toutefois baisser temporairement, passant de 54,7 milliards de dollars namibiens (2,9 milliards USD) fin septembre à environ 47 milliards NAD (2,7 milliards USD) à la clôture de l'exercice. Une reconstitution progressive est attendue dès 2026, soutenue par une planification budgétaire rigoureuse et la reprise des exportations minières, notamment de l'uranium et des métaux verts.
Les analystes saluent unanimement cette opération comme un test réussi de crédibilité financière.
Les observateurs notent toutefois que la trajectoire de la dette reste un sujet de vigilance. La dette publique namibienne atteignait 176,3 milliards de dollars namibiens (environ 9,8 milliards USD) fin septembre, soit un ratio estimé à près de 65% du PIB, en hausse par rapport aux niveaux prépandémiques.
La performance namibienne contraste avec les difficultés rencontrées par plusieurs souverains africains pour honorer leurs échéances extérieures.
Alors que des pays comme la Zambie, le Ghana ou l'Éthiopie négocient encore leurs restructurations de dette, Windhoek parvient à démontrer qu'une gestion proactive et une stratégie d'endettement prudente peuvent maintenir la confiance des marchés.
Cette opération, qui achève un cycle d'endettement entamé il y a dix ans, permet à la Namibie, aujourd'hui dirigée par Netumbo Nandi-Ndaitwah – première femme présidente du pays –, de réduire significativement la part de sa dette en devises étrangères et de préparer un retour sur les marchés internationaux dans des conditions plus avantageuses.
La Rédaction
Publié le 06/11/25 20:25


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