Lors de la conférence climatique COP30 qui se tient actuellement au Brésil, la République du Congo a annoncé mercredi 6 novembre 2025, relancer activement les discussions pour un échange dette-nature avec des partenaires européens. Cette initiative "vise à alléger le fardeau de sa dette publique tout en générant des fonds pour la protection de son immense capital naturel" ont souligné les autorités congolaises.
S'exprimant depuis Belém, le ministre des Finances Christian Yoka a déclaré à l'agence Reuters que le gouvernement était en pourparlers avec des " partenaires " susceptibles de fournir des " améliorations de crédit ". Il a souligné que le montant potentiel de l'opération n'était pas encore arrêté, mais que cet instrument " résonne particulièrement " pour le pays, en raison de l'importance du bassin du Congo.
Cette annonce fait écho à un projet similaire évoqué près d'un an plus tôt. Le 10 décembre 2024, à Brazzaville, le gouvernement congolais avait en effet dévoilé son intention de réaliser son premier swap dette-nature dès l'année suivante. L'objectif affiché à l'époque était de racheter au moins 126 millions de dollars de dette publique, comme le rappellent les comptes-rendus de cette réunion préparatoire. Des organisations non gouvernementales américaines, Wildlife Conservation Society (WCS) et The Nature Conservancy (TNC), ainsi que les cabinets Centerview Partners et Cleary Gottlieb, avaient été mandatés pour accompagner le pays dans cette transaction, qui ne s'était finalement pas concrétisée dans les délais initialement envisagés.
La République du Congo dispose d'arguments de poids pour séduire les investisseurs dans ce type d'opération. Le pays est au cœur de la deuxième plus grande forêt tropicale du monde, un poumon vert critique dans la régulation du climat. Selon les données gouvernementales, près de 69% de son territoire est couvert de forêts, qui séquestrent chaque année près de 1,2 milliard de tonnes de CO2. Le pays met également en avant sa biodiversité exceptionnelle – avec des centaines d'espèces de mammifères et d'oiseaux – et ses écosystèmes côtiers, qui constituent d'importants puits de carbone.
Pour mémoire, un échange dette-nature permet à un pays de restructurer une partie de sa dette, souvent avec l'aide d'une garantie d'une banque de développement. En pratique, un investisseur ou une banque spécialisée rachète la dette existante et la remplace par un nouveau prêt, moins important ou à des conditions plus avantageuses. Les fonds ainsi économisés par l'État sur le service de sa dette sont alors formellement engagés à financer des projets de conservation de l'environnement. Ce modèle a déjà fait ses preuves en Afrique, notamment au Gabon voisin, qui a converti 500 millions de dollars de dette en 2023 via ce dispositif.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 06/11/25 20:14


SN
CM

