La RDC offrirait aux États-Unis un accès exclusif à ses minerais en échange d’un soutien militaire

La République démocratique du Congo (RDC) a proposé aux États-Unis des droits exclusifs sur l'exploitation et l'exportation de ses minerais stratégiques en contrepartie d'une assistance militaire accrue dans la lutte contre les groupes rebelles qui sévissent dans l'Est du pays. C'est ce qu'a révélé l'agence Bloomberg, qui cite une lettre adressée au secrétaire d'État américain Marco Rubio.

D'après ce document, les entreprises américaines obtiendront un contrôle opérationnel sur des gisements de cobalt, de lithium, de tantale et d'uranium, des ressources cruciales pour l'industrie technologique et la sécurité nationale des États-Unis. En échange, Washington s'engage à fournir des équipements militaires, former les forces congolaises et renforcer leur appui logistique. Les États-Unis auront également la possibilité d'établir des bases militaires pour assurer la protection des sites miniers stratégiques.

Outre les concessions minières, l'accord sur la table, inclut la participation américaine à des projets d'infrastructure d'envergure, notamment la construction d'un port en eau profonde sur la côte atlantique congolaise et la mise en place d'une réserve stratégique commune de minerais. A en croire Bloomberg qui cite le département d'Etat, l'administration Trump a réagi en se déclarant ‘'ouverte à la discussion de partenariats''. Des courriers similaires ont été envoyés à plusieurs responsables influents du Congrès, dont le sénateur Ted Cruz et le représentant Rob Wittman, qui préside le groupe de travail sur les minéraux critiques.

Cette révélation intervient alors qu'une proposition comparable avait déjà été rapportée par The New York Times. Selon le journal américain, des discussions ont eu lieu en coulisses en février, entre des représentants congolais et des officiels américains pour garantir un accès privilégié aux ressources minières du pays, face à la montée en puissance de la Chine dans ce secteur. Pékin contrôle une part importante de l'exploitation du cobalt et du lithium en RDC grâce à des investissements massifs et des partenariats avec des entreprises locales.

Avec 70% de la production mondiale de cobalt et des réserves considérables de lithium et de tantale, la RDC joue un rôle clé dans l'approvisionnement en métaux essentiels à la transition énergétique et aux industries des batteries et des semi-conducteurs. L'Occident, confronté à une dépendance croissante vis-à-vis de la Chine pour ces ressources, cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement.

Face à ces informations, la présidence congolaise a rapidement réagi. Sa porte-parole, Tina Salama, a démenti tout accord ‘'mines contre paix'', les qualifiant de ‘'rumeurs''. Elle a cependant laissé entendre que le président Félix Tshisekedi souhaite mettre un terme aux pratiques opaques qui entourent depuis des décennies l'exploitation des ressources naturelles du pays.

Ces tractations s'inscrivent dans un contexte de forte instabilité dans l'Est de la RDC, où le groupe rebelle M23 continue de gagner du terrain. Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir ces combattants, tandis que Kigali dément toute implication et reproche à son voisin de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). En attendant, la situation humanitaire ne cesse de se détériorer, avec des milliers de déplacés et une insécurité grandissante dans la région.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 07/03/25 12:10