La République démocratique du Congo (RDC) a décidé de suspendre les activités de traitement et de commercialisation du cuivre et du cobalt issus de l'exploitation artisanale. La mesure, formalisée par un décret signé le 19 décembre 2025 par le ministre des Mines Louis Watum Kabamba et consulté par Reuters, vise à renforcer la transparence dans une filière minière stratégique et à freiner les exportations illégales qui échappent depuis longtemps au contrôle de l'État.
Premier producteur mondial de cobalt, avec environ 70 % de l'offre globale, le Congo peine à canaliser une activité artisanale largement informelle. Selon les autorités, cette production parallèle prive le Trésor public de recettes importantes et alimente des circuits d'exportation difficiles à tracer. Le décret ordonne l'arrêt immédiat des opérations des entités concernées, tout en leur imposant de certifier l'origine des minerais utilisés. Une commission ad hoc doit être mise en place pour contrôler la conformité des flux, vérifier la traçabilité et établir la légalité des approvisionnements, toujours selon le document cité par Reuters.
L'impact concret de cette suspension sur les exportations illégales reste incertain. Aucune donnée officielle n'est disponible, et Reuters indique que le gouvernement congolais ne dispose pas de statistiques fiables sur les volumes concernés. Une source proche de la présidence, citée par l'agence, estime toutefois que cette pause permettra de cartographier les circuits existants et d'identifier les quantités réellement traitées par les unités de transformation artisanales.
Le cobalt un minerai clé sous surveillance
Du côté de la société civile, l'ONG congolaise LICOCO, engagée dans la lutte contre la corruption dans le secteur extractif, souligne que de nombreux opérateurs fonctionnent en marge de la loi. Selon elle, certains auraient obtenu leurs autorisations en versant des pots-de-vin, contournant ainsi les exigences du code minier, un phénomène récurrent dans un secteur où la régulation reste fragile.
A en croire Reuters, la suspension n'est toutefois pas sans conséquences sociales. L'exploitation minière artisanale représente une source de revenus essentielle pour une partie importante de la population. Elle emploie directement entre 1,5 et 2 millions de personnes et fait vivre, de manière indirecte, plus de 10 millions de Congolais.
Cette nouvelle étape s'inscrit dans une série de mesures prises par la RDC pour reprendre la main sur le marché du cobalt. Début 2024, le gouvernement avait suspendu l'ensemble des exportations, provoquant une contraction brutale de l'offre mondiale et une flambée des prix, passés d'environ 10 dollars la livre en février à près de 24 dollars aujourd'hui, soit plus de 52 000 dollars la tonne, selon les données de marché rapportées par Reuters.
Dans la continuité, Kinshasa a instauré le 16 octobre un système de quotas d'exportation trimestriels. Pour la fin de l'année, le plafond global a été fixé à 18 125 tonnes. À partir de 2026, les volumes exportés devraient être limités à 96 600 tonnes par an. Début décembre, Glencore a expédié une première cargaison de cobalt sous ce nouveau régime, devenant le premier opérateur autorisé à le faire. L'autorisation, accordée à titre pilote, est conditionnée au paiement d'une redevance de 10 %, qui ne sera versée qu'après évaluation de la qualité des échantillons, selon une source gouvernementale citée par Reuters.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 24/12/25 01:19


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