L'Africa Finance Corporation scelle un partenariat stratégique avec les banques émiraties autour d'un financement lié à la performance environnementale. Une opération qui illustre la montée en puissance des instruments durables dans la structuration des financements d'infrastructure en Afrique.
L'Africa Finance Corporation (AFC), institution panafricaine dédiée au financement des infrastructures, annonce ce 21 juillet la signature d'une facilité de prêt inédite à terme liée au développement durable, d'un montant de 937,5 millions d'AED, soit environ 255 millions de dollars. Il s'agit de la première opération de ce type pour l'AFC dans le marché du dirham émirati, marquant une avancée majeure dans sa stratégie de diversification financière et son engagement en faveur du climat.
Cette opération, structurée comme un prêt à terme indexé sur des objectifs de performance durable (OPD), repose sur un mécanisme incitatif : si l'AFC atteint des indicateurs prédéfinis en matière d'impact environnemental ou social, elle bénéficie de conditions d'emprunt plus avantageuses. En d'autres termes, l'exécution d'engagements concrets — réduction d'émissions de CO₂, investissements dans les énergies renouvelables ou accès amélioré aux infrastructures — se traduit directement par une baisse du coût du capital.
Un financement structuré par les grandes banques émiraties
Le prêt est syndiqué par plusieurs institutions financières de premier plan basées aux Émirats arabes unis, dont Abu Dhabi Commercial Bank, Emirates NBD, First Abu Dhabi Bank, Mashreqbank et la National Bank of Ras Al Khaimah. Ces banques ont agi comme arrangeurs principaux mandatés. Chacune a joué un rôle stratégique dans la structuration de l'opération : Mashreqbank comme coordinateur global, First Abu Dhabi Bank en qualité de coordinateur développement durable, et Emirates NBD comme agent de la facilité.
Voir aussi - L'AFC mise sur les fonds de pension africains pour diversifier ses sources de financement
Cette mobilisation du système bancaire émirati témoigne de la confiance croissante envers la signature de l'AFC, mais aussi de l'intérêt stratégique des Émirats arabes unis pour les investissements à fort impact sur le continent africain. Pour l'AFC, cette ouverture vers les marchés du Golfe renforce sa base géographique de financement tout en consolidant ses liens économiques avec une région de plus en plus active dans le financement d'infrastructures.
Alignement stratégique entre durabilité et performance financière
" Cette facilité représente une étape clé dans le parcours d'AFC ", a déclaré Banji Fehintola, directeur des services financiers et membre du conseil d'administration de l'institution. " En exploitant le marché du dirham et en intégrant des objectifs durables à nos conditions de financement, nous alignons pleinement notre stratégie de croissance avec notre mission de catalyseur du développement des infrastructures en Afrique. "
Cette déclaration illustre bien le positionnement hybride de l'AFC, qui combine rigueur financière et responsabilité environnementale, tout en structurant des produits innovants pour répondre aux besoins complexes des projets d'infrastructure africains.
Une dynamique soutenue de diversification des instruments
Cette nouvelle facilité durable s'inscrit dans une série de levées de fonds ambitieuses réalisées par l'AFC depuis 2024, notamment un prêt syndiqué record de 1,16 milliard de dollars, une émission hybride de 500 millions de dollars et une facilité Murabaha de 400 millions de dollars.
En aval, ces ressources soutiennent des projets structurants comme la plateforme Lekela Power, codétenue via Infinity, qui constitue désormais la plus grande infrastructure d'énergie renouvelable du continent, avec plus de 1 GW de capacité installée, desservant 1,2 million de foyers et évitant près de 8 millions de tonnes de CO₂ par an.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 21/07/25 17:19
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