L’Afrique face au défi de l’intégration économique

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Dans leur rapport annuel Perspectives économiques en Afrique, les experts de la Banque Africaine de Développement (BAD) se sont largement penchés sur le processus d'intégration économique à travers le chapitre 3 dudit rapport intitulé "L'intégration pour la prospérité économique de l'Afrique". Dans cet article, nous présentons une analyse du processus d'intégration économique en cours sur le continent, dont la dernière phase en cours reste le lancement de la ZLEC (accord sur la Zone de libre-échange continentale) en mars 2018.

Il n'est pas inutile de rappeler que l'intégration économique s'inscrit dans contexte global du commerce international. Ce dernier a été favorisé par les économistes classiques à travers deux théorèmes fondateurs que sont la théorie de l'avantage absolu et la théorie de l'avantage comparatif. Ils stipulent qu'un pays doit se spécialiser dans la production de biens pour lesquels les coûts de production sont faibles. Ceci voudrait implicitement dire qu'un pays importera dans un autre pays le bien pour lequel il n'a pas d'avantage comparatif. Le cadre théorique étant planté, le commerce international devient ainsi une absolue nécessité pour toutes les nations.

Un autre aspect de ce commerce ce sont les coûts qu'ils engendrent. Les pays sont donc constamment amenés à faire des arbitrages à cause des barrières tarifaires et non-tarifaires. En effet, L'arbitrage consiste à acheter dans des endroits où les prix sont bas et revendre dans des endroits où les prix sont élevés.

C'est dans ce contexte que le concept de l'intégration économique fait son apparition au-devant de la scène, propulsé par des économistes comme Bela Balassa (1961). Par définition, l'intégration économique est l'ensemble des procédés par lesquels deux ou plusieurs pays créent un espace économique commun. Elle peut prendre plusieurs formes : zone de libre-échange, union douanière, marché commun, union économique ou union économique et monétaire. Ainsi, on considère que les marchés sont intégrés lorsqu'on assiste à une suppression des barrières tarifaires et non-tarifaires, réduisant donc les coûts liés au commerce.

Dans cette veine, on a assisté à la multiplication des Communautés économiques régionales (CER) sur le continent à partir des années 1980. Elles sont au nombre de huit (8) aujourd'hui en Afrique.

Plus de trois décennies après leurs constitutions, quels bilans présentent ces CER ?

Traditionnellement, notamment pour les Communautés économiques régionales, la première étape de l'intégration a été d'éliminer les droits de douane sur la majeure partie des échanges. Elle correspond à la mise en place de la zone de libre-échange. Le premier résultat que l'on attend donc d'un tel accord est une augmentation des échanges commerciaux entre les Etats membres.

L'entrée en vigueur de la seconde phase de l'intégration économique sur le continent est matérialisée par l'adoption du Tarif Extérieur Commun (TEC) dans la plupart des CER. Sur ce point, le rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD) sur les Perspectives économiques en Afrique, publié le vendredi dernier est sans équivoque. Pour les experts de la BAD, les différences de puissance économique ont contribué à un Tarif extérieur commun (TEC) défavorable aux ménages, en particulier aux ménages à faible revenu. L'explication qu'ils donnent c'est que l'entrée en vigueur du TEC a favorisé des droits de douane assez élevés sur une liste d'articles qui auraient pesé sur les biens consommés par les personnes pauvres ; l'exemple du Rwanda étant mis en relief.

Pour la CEDEAO, les experts de la BAD renchérissent en faisant observer que le fait d'adopter le TEC fera augmenter le taux pondéré de la taxe à l'importation de plus du double : il passera de 6,3% à 14,7%, ce qui contraindra les ménages urbains à augmenter leurs dépenses de 3% et les ménages ruraux de 6% pour maintenir leur niveau de vie actuel. Pour rappel, le TEC est entré en vigueur le 1er janvier 2015 dans la CEDEAO.

Pour la Côte d'Ivoire, le TEC accroît le coût de la vie d'environ3% pour toutes les catégories de revenus.

Ainsi, pour la CAE et la CEDEAO, le TEC accroît le coût de la vie des ménages les plus pauvres en augmentant le coût des produits consommés par les pauvres davantage que les prix des autres biens. Ce qui fait dire aux auteurs que dans la CEDEAO, les petits pays militeraient pour une modification de l'actuelle composition du TEC, qui ne correspond pas à leurs besoins.

En somme, à mesure que les Communautés économiques régionales (CER) approfondissent leur intégration en passant d'un accord de libre-échange à une union douanière avec un Tarif extérieur commun (TEC), les retombées sont ressenties différemment en fonction de la puissance économique des pays membres.

Dr Ange Ponou

Publié le 21/01/19 12:38

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