Le commerce mondial devrait enregistrer sa pire performance sur au moins 20 ans

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Après un début d'année 2025 plutôt solide, le commerce mondial donne aujourd'hui de nets signes d'essoufflement, miné par la montée des barrières tarifaires, l'incertitude géopolitique et la fragilisation des chaînes d'approvisionnement. Si la tempête est mondiale, ses effets sont inégaux selon les régions. Pourtant, malgré les vents contraires, des dynamiques régionales et diplomatiques laissent entrevoir des pistes pour relancer la machine.

L'économie mondiale semblait avoir retrouvé un rythme de croisière. En 2024, les échanges internationaux avaient progressé de 3,4%, dans la lignée du rebond post-pandémique. Mais la première moitié de 2025 a marqué un tournant, avec un net ralentissement des flux commerciaux, attendus à seulement 1,8% de croissance cette année, moins que la moyenne des deux dernières décennies (4,9%), selon les estimations de la Banque mondiale.

En cause, la recrudescence des politiques protectionnistes, notamment aux États-Unis, suivies de mesures de rétorsion, avant de timides désamorçages via de nouvelles négociations. Cette instabilité persistante crée un climat de grande incertitude pour les entreprises, les poussant à freiner leurs investissements et à revoir leurs chaînes logistiques.

Des indicateurs en berne dans les économies avancées

La dégradation est particulièrement marquée dans les économies avancées, dont les prévisions de croissance des échanges pour 2025 ont été divisées par deux depuis janvier. Les chiffres parlent d'eux-mêmes.

Les importations américaines de marchandises ont chuté de près de 20% en avril. En outre, l'indice PMI, mesurant les nouvelles commandes à l'export, est en contraction dans plus des deux tiers des pays suivis.

Les commandes industrielles internationales, quant à elles, atteignent leur plus bas niveau depuis 20 mois.

Une fragmentation qui pénalise les pays les plus ouverts

Le ralentissement n'est pas uniforme. Les économies émergentes et en développement plus intégrées dans les chaînes de valeur mondiales, comme celles d'Amérique latine, d'Europe de l'Est ou de la zone euro, sont plus durement touchées par la volatilité du commerce mondial.

En revanche, les pays commerçant davantage entre eux ou avec d'autres émergents résistent mieux, à l'image de certaines économies d'Asie ou d'Afrique. Les exportateurs de pétrole pourraient même bénéficier d'un regain de ventes à la faveur de l'assouplissement des réductions de production, malgré un environnement global morose.

Des risques lourds et durables

Le commerce mondial reste sous la menace de plusieurs chocs simultanés. Il s'agit notamment d'une recrudescence des droits de douane, si les tensions diplomatiques s'aggravent ; d'une généralisation des politiques de repli sur soi, avec des effets en cascade sur les partenaires tiers ; et d'une reconfiguration lente et incertaine des chaînes d'approvisionnement, freinée par le manque de visibilité.

À terme, ces facteurs pourraient ralentir durablement les investissements, freiner l'innovation et affaiblir les gains de productivité mondiaux.

L'accord commercial comme bouée de sauvetage ?

Face à cette fragmentation croissante, une autre dynamique prend forme ; celle des accords commerciaux régionaux, qui cherchent à compenser le recul de la coopération multilatérale.

En 2024, sept nouveaux accords sont entrés en vigueur, un regain par rapport à 2023, même si l'on reste en deçà des niveaux pré-Covid.

Parmi les signaux positifs, l'Union européenne a signé ou relancé des accords avec le Chili, le Kenya, la Nouvelle-Zélande, ou encore le Mercosur ; la Chine, le Canada et le Royaume-Uni ont élargi leur maillage commercial ; la ZLECAf, en Afrique, a consolidé son ‘'Guided Trade Initiative'' avec l'arrivée du Nigéria, marquant une étape importante vers un marché commun continental ; et l'Accord de partenariat transpacifique a accueilli le Royaume-Uni et suscite l'intérêt d'autres grands pays d'Asie.

La Rédaction

Publié le 16/07/25 19:13

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