Le Gabon pourrait renoncer à émettre un eurobond pour se recentrer sur le marché domestique

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                                Charles Mba, Ministre des Comptes Publics du Gabon


Alors que la loi de finances 2024 autorise le gouvernement à émettre, cette année, un emprunt de 778 millions USD sur le marché international, Libreville aurait fait le choix de se recentrer plutôt sur le marché domestique. “Nous avons besoin de beaucoup d'argent pour développer notre pays. Mais je peux vous dire que nous allons privilégier le marché régional de la CEMAC car nous avons une monnaie commune et donc que la question de la fluctuation des devises ne se posera pas”, a réagi le ministre gabonais des Comptes publics Charles Mba, le 28 mars dernier à Douala.

Voir aussi: Le Gabon envisage un retour sur le marché des eurobonds pour 778 milliards FCFA

Le membre du gouvernement s'est rendu dans la capitale économique camerounaise pour présenter aux investisseurs le plan de financement de son pays pour le compte de l'année 2024. Ce plan cible une enveloppe de 854 milliards de FCFA (environ 1,4 milliard USD) dont 424 milliards FCFA en BTA (Bons du Trésor Assimilables) et 430 milliards FCFA en obligations du Trésor (OTA). Sur le marché financier, Libreville projette également 3 émissions obligataires en vue de capter 550 milliards FCFA, ce qui équivaut à un montant global recherché de 1 404 milliards FCFA destiné à couvrir les charges de trésorerie. La stratégie d'endettement n'intègre plus l'émission d'un eurobond même si le ministre des comptes publiques a considéré que le recours au marché international restait une “option pour le gouvernement”.

Dans une analyse publiée le 26 janvier dernier, Fitch Ratings indiquait que le Gabon éprouvait des difficultés à lever des fonds auprès des investisseurs internationaux cette année en raison des “incertitudes politiques” qui continuent de planer six mois après le coup d'État militaire perpétré dans le pays. Les autorités de transition ont tout de même prévu d'organiser un dialogue national pour rédiger une nouvelle constitution et un nouveau code électoral afin d'organiser des élections libres et équitables, en août 2025. Le recentrage sur le marché de la CEMAC intervient également pour pallier au sevrage dont le Gabon sera l'objet cette année de la part des partenaires bilatéraux et multilatéraux (FMI, la BAD, AFD). Selon la loi de finance du pays, consultée par Sika Finance, les décaissements extérieurs attendus pour 2024 dans le cadre des prêts projets s'élèvent à 132 milliards FCFA, soit près de la moitié de l'enveloppe budgétisée en 2023 (230 milliards). Dans le même temps, les charges de Trésorerie connaîtront une augmentation de 8% en glissement annuel à 1464, 1 milliards FCFA.

Toutefois Libreville devra faire avec un contexte difficile marqué par un resserrement de la politique monétaire à l'échelle régionale, visant à ponctionner la liquidité bancaire. Selon les spécialistes, le pays devra payer le prix fort pour espérer lever les fonds escomptés. “Entre faire et ne pas faire, nous n'avons pas le choix. Nous avons besoin de ces financements et nous tenterons de les obtenir aux conditions les plus satisfaisantes possibles”, a commenté Charles Mba.

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 02/04/24 16:18

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