Le Nigéria : Un moteur potentiel pour la croissance et l'innovation en Afrique, selon la Banque mondiale

Le Nigéria, souvent décrit comme le géant économique de l'Afrique de l'Ouest, pourrait devenir un moteur clé pour la croissance tirée par le secteur privé et la création d'emplois sur le continent, à condition que des réformes politiques ciblées soient mises en œuvre de manière stratégique. C'est la principale conclusion d'un nouveau rapport publié par le Groupe de la Banque mondiale le 10 juin 2025, intitulé Country Private Sector Diagnostic (CPSD), Diagnostic du secteur privé par pays en français. 

Développé conjointement par l'IFC et la Banque mondiale, ce rapport constitue un guide précieux pour aider le Nigéria à renforcer son environnement des affaires et à encourager davantage d'investissements privés. Selon le CPSD, les réformes appropriées dans des secteurs clés pourraient permettre au Nigéria d'attirer jusqu'à 20 milliards de dollars d'investissements privés, tout en générant près d'un million de nouveaux emplois d'ici 2030, soutenant ainsi les ambitions du gouvernement en matière de croissance durable et inclusive. 

Le secteur privé nigérian a déjà prouvé sa capacité à se développer rapidement, notamment dans des secteurs comme la technologie, les énergies renouvelables et l'industrie manufacturière. Ce dynamisme est soutenu par un environnement entrepreneurial qui favorise l'innovation, comme en témoigne l'attrait croissant des investisseurs pour le pays. Dahlia Khalifa, directrice régionale de l'IFC pour l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Ouest anglophone, a souligné que, "rien qu'en 2023, le Nigéria a attiré plus d'un milliard de dollars de financements en capital-risque". Elle met en avant le potentiel de marché du Nigéria et son dynamisme local, tout en insistant sur le fait qu'une simplification des régulations et une meilleure ouverture du marché pourraient stimuler davantage d'investissements privés, créer des emplois, favoriser l'innovation et renforcer la compétitivité à l'échelle mondiale. 

Le rapport CPSD met également en lumière les réformes législatives et institutionnelles qui ont été entreprises par le Nigéria pour améliorer son climat des affaires et renforcer la transparence du marché. Ces réformes, bien que prometteuses, doivent encore être approfondies pour renforcer la confiance des investisseurs et combler les lacunes persistantes. Taimur Samad, directeur des opérations par intérim pour le Nigéria à la Banque mondiale, a déclaré que "la stratégie de développement du Nigéria reconnaît que la croissance du secteur privé et des politiques publiques judicieuses doivent aller de pair". 

Secteurs clés identifiés pour l'investissement

Le CPSD propose plusieurs secteurs dans lesquels des réformes ciblées pourraient générer des résultats économiques concrets, notamment dans les technologies de l'information et de la communication (TIC), la fabrication pharmaceutique, les énergies renouvelables et l'agriculture. En particulier, la rationalisation des réglementations dans ces domaines pourrait débloquer des investissements significatifs et créer des milliers d'emplois. 

Le rapport suggère que des réformes dans l'expansion des réseaux de fibre optique et la révision des règles de partage des infrastructures dans le secteur des technologies de l'information et de la communication pourraient générer de 900 millions à 4 milliards de dollars d'investissements et créer jusqu'à 229 000 emplois. 

Concernant la fabrication pharmaceutique, le CPSD recommande une accélération des processus réglementaires et la numérisation des procédures douanières, ce qui pourrait attirer jusqu'à 1,6 milliard de dollars d'investissements et générer 44 000 emplois, tout en renforçant la sécurité sanitaire du pays. 

Dans le secteur des énergies renouvelables, le rapport propose d'augmenter les capacités des mini-réseaux et de simplifier les procédures de licences pour encourager la participation privée. Cela pourrait permettre au Nigéria de lever 8,5 milliards de dollars d'investissements et de créer jusqu'à 365 000 emplois d'ici 2030. 

Enfin, dans l'agriculture, le renforcement des chaînes de valeur et la mise à disposition de meilleurs outils numériques pour les agriculteurs pourraient générer jusqu'à 6 milliards de dollars d'investissements et créer 344 000 emplois.

Le rapport CPSD du Nigéria représente un aperçu prometteur du potentiel de croissance du pays et des opportunités offertes par un secteur privé dynamique. Cependant, pour que ces ambitions se concrétisent, il est crucial que le Nigéria continue à mettre en œuvre des réformes ciblées et qu'il renforce son engagement en matière de transparence et de gouvernance. 

La mise en œuvre réussie de ces réformes pourrait permettre au Nigéria de devenir non seulement un moteur de croissance pour l'Afrique, mais aussi un modèle de développement durable et inclusif pour les autres économies émergentes. Avec des investissements privés dans des secteurs clés et un climat des affaires amélioré, le Nigéria pourrait bien se positionner comme un leader économique en Afrique et au-delà. Mais comme le souligne le rapport, des mesures politiques concrètes et ciblées sont essentielles pour transformer ces opportunités en succès tangibles.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 18/06/25 14:37