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Le Nigeria s'apprête à franchir une étape inédite dans son histoire financière : devenir le premier grand émetteur africain d'un sukuk souverain international. Cette obligation conforme à la finance islamique – qui proscrit les intérêts et s'appuie sur des actifs tangibles – séduit de plus en plus d'investisseurs du Golfe et d'Asie du Sud-Est. En y recourant, Abuja espère attirer des capitaux à moindre coût et diversifier ses sources de financement, longtemps concentrées sur les eurobonds.
Selon Wale Edun, ministre des Finances et coordinateur de l'économie, le gouvernement privilégie désormais des instruments ‘'plus compétitifs'' comme les green bonds, les sukuks et les diaspora bonds. Ces titres thématiques offrent non seulement des taux plus attractifs, mais aussi une image de modernité financière, en phase avec les tendances mondiales vers la finance éthique et durable.
Le timing du Nigeria n'est pas anodin. Le pays, première économie d'Afrique de l'Ouest, doit refinancer une partie de ses eurobonds arrivant à maturité en novembre tout en comblant un déficit budgétaire supérieur à 4% du PIB. Le recours à ces nouveaux instruments financiers s'inscrit donc dans une stratégie de gestion active de la dette, visant à réduire la dépendance aux emprunts coûteux en devises fortes.
L'émission du sukuk nigérian pourrait faire école sur le continent. Jusqu'ici, seuls quelques pays africains, notamment le Sénégal, le Togo et le Maroc, ont exploré la finance islamique sur les marchés domestiques, sans oser la décliner à l'international pour le moment, n'oubliant pas de mentionner que Dakar envisage de recourir à son utilisation en 2026.
Le potentiel est considérable, car selon la Banque islamique de développement, le marché mondial des sukuks dépasse aujourd'hui 2 000 milliards de dollars, avec une demande croissante pour les obligations souveraines de marchés émergents.
La Rédaction
Publié le 08/10/25 19:15