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En formulant son plan de relance économique, l'Etat du Sénégal a inscrit l'industrie pharmaceutique parmi les six priorités. En mettant l'accès sur ce secteur, le pays entend assurer son indépendance dans l'approvisionnement en médicaments dont près de 90% de la demande viennent de l'extérieur.
La pandémie de Covid-19 a révélé l'urgence pour les Etats, notamment ceux de faibles revenus, de compter sur leurs forces endogènes afin d'assurer à leurs populations la satisfaction de leurs besoins en matière de demande de médicaments.
La crise sanitaire a aussi montré la forte dépendance des Etats africains au marché international du médicament. Pour inverser cette tendance, le Sénégal s'est engagé dans une dynamique de se doter d'une véritable industrie pharmaceutique capable de répondre favorablement à la demande intérieure.
C'est dans cette optique que le gouvernement, dans le Plan d'actions prioritaire (PAP2 A) pour la relance de l'économie, a décidé d'inscrire la production des médicaments parmi les six priorités. Dans ce plan, le ministère sénégalais en charge de l'Economie et du Plan dévoile les ambitions que l'Etat s'est fixé pour le secteur. Il rappelle que suite à une étude diagnostique approfondie de l'industrie, il est suggéré́ d'assurer la formulation de 2/3 des 18 molécules prioritaires sur un horizon de 10 ans, représentant ainsi 30% de la demande totale, avec une focalisation initiale sur le marché local.
S'agissant du modèle opérationnel, le gouvernement entend accompagner les acteurs locaux afin de renforcer leurs capacités de formulation en se focalisant sur les molécules prioritaires identifiées. L'Etat compte aussi attirer les acteurs internationaux (nord-africains, chinois, indiens) pour atteindre les objectifs de production locale.
A travers le mécanisme des Partenariats public privé (PPP), les autorités étatiques ont affiché leur ambition de structurer l'entreprise pharmaceutique Médis SA Sénégal (ex Sanofi) à travers une augmentation de la participation de l'Etat. Dans cette même dynamique, il promet d'accompagner aussi l'autre entreprise dénommée TerangaPharma.
En vue de répondre à un impératif de fédérer toutes les initiatives dans ce sens et d'offrir un cadre unique d'actions, seul gage pour réussir le pari de la relance de cet important secteur, le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Émergent (BOS) a engagé le processus de structuration du projet de relance du secteur de l'industrie pharmaceutique suivant une approche inclusive qui replace le secteur privé et les investisseurs concernés au cœur de la problématique de son développement.
Selon Aziz Cissé, président de l'Association sénégalaise de l'industrie pharmaceutique (ASIP) " pour relancer l'industrie pharmaceutique, il faut nécessairement que le code des marchés publics du Sénégal soit revu en faisant prévaloir la préférence nationale. Que tous les produits qui peuvent être localement fabriqués ne fassent pas l'objet d'appel d'offre international ".
"S'il existe des commandes de médicament que le privé ne peut pas satisfaire, dans ce cas on peut solliciter le marché extérieur ", préconise Aziz Cissé. Il appelle également à jouer sur le levier fiscal afin de faciliter la mise en place d'une industrie pharmaceutique nationale. L'Etat doit en outre accompagner les industriels en leur accordant des exonérations sur les intrants qui entrent dans la fabrication de certains produits.
"Il ne reste maintenant qu'à dérouler la feuille de route. Toute la partie théorie a été déjà faite. Le moment est venu de passer à l'opérationnalisation du projet de création d'une industrie pharmaceutique", a-t-il ajouté.
Pour l'économiste spécialiste de la santé, Mouhamed Fall, la Covid-19 a montré que tous les pays sont exposés à de véritables pénuries de médicaments en cas de fermeture des frontières. Pour parer à cette éventualité, il est indispensable que certains produits dits " essentiels " comme les seringues, les cotons sanitaires puissent être fabriqués à l'intérieur du pays.
C'est dans ce sens, soutient-il, que les projets déclinés dans le Plan d'actions prioritaires (PAP2A) seront arrimés avec les objectifs stratégiques de la phase 2 du Plan Sénégal émergent (PSE). Selon lui, le Sénégal a tout ce qu'il faut pour réussir sa souveraineté sanitaire et pharmaceutique comme certains pays africains tels que la Tunisie, l'Algérie, le Maroc qui sont " quasiment autonomes " en matière de fabrication de médicaments essentiels.
L'économiste sénégalais relève en outre que l'industrie pharmaceutique est aussi connue pour être un secteur très lourd en termes d'investissement et les moyens financiers sont très limités dans des pays comme le Sénégal. Concernant les défis, il pense aussi à la mise en place d'une politique nationale de recherche qui permettra de mettre en place un système qui soit fonctionnel. " L'Etat doit accompagner financièrement les fournisseurs locaux leur permettant de compétir sur le marché, insister sur la préférence nationale en faveur des acteurs locaux ", suggère l'économiste Mouhamed Fall.
Ibrahim WANE, Dakar
La Rédaction
Publié le 15/02/21 11:42
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