Le Tchad instaure une taxe à l’exportation sur l’antimoine et le cuivre bruts

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Le gouvernement tchadien a décidé de taxer les exportations d'antimoine (élément chimique servant à augmenter la dureté du plomb) et de cuivre non transformés. Un arrêté du ministère des Finances, publié ce 6 août 2025, instaure un droit de sortie équivalant à 8 % de la valeur imposable pour ces deux minerais, auxquels s'ajoute déjà la redevance statistique de 2 % appliquée à toutes les exportations. La mesure prend effet immédiatement et sera intégrée dans la prochaine loi de finances.

Cette décision intervient alors que le marché mondial de l'antimoine connaît une dynamique inédite. Depuis que la Chine, premier producteur mondial, a réduit ses livraisons à l'étranger, le prix du lingot d'antimoine (pureté minimale 99,65 %) s'est envolé. Il a triplé en un an pour atteindre environ 38 000 dollars la tonne à Rotterdam en décembre 2024, contre 11 500 dollars un an plus tôt. Ce métal est stratégique. Il entre dans la composition d'alliages, de batteries, de retardateurs de flamme, de semi-conducteurs, ainsi que dans des applications militaires et la production de pigments et catalyseurs.

Au Tchad, le potentiel géologique est reconnu (les données officielles sur les réserves d'antimoine et de cuivre sont rares, voire inexistantes, ndlr) mais largement sous-exploité. Selon un rapport diagnostique publié par la Banque mondiale en août 2023, l'industrie minière reste embryonnaire et majoritairement artisanale. Il n'existe pas encore de mines industrielles en exploitation, et les sociétés présentes manquent de moyens financiers et techniques pour mener des explorations d'envergure. Le pays ne dispose toujours pas d'une carte géologique détaillée, et les techniques modernes de prospection (géophysique, géochimie, télédétection) n'ont été que rarement mises en œuvre.

A en croire la Banque mondiale, les ressources identifiées sont considérables. L'institution de Bretton Woods cite plus de 2 milliards de tonnes de diatomite dans le bassin du lac Tchad, environ 500 000 tonnes de kaolin dans le massif du Guerra, 7 millions de tonnes de cuirasses d'aluminium au sud du lac Tchad, plus de 60 millions de m³ de marbre dans le massif de l'Ouaddaï, ou encore 90 000 tonnes de calcaires dans le massif de Mayo Kebbi. Les réserves aurifères se chiffreraient à plusieurs tonnes. Pour d'autres minerais stratégiques comme le sel, le natron, le diamant ou le fer, aucune estimation officielle n'est disponible.

En instaurant cette taxe à l'exportation, N'Djamena semble vouloir mieux capter la valeur générée par ses ressources et inciter à leur transformation locale. Un tel dispositif vise aussi à renforcer la contribution du secteur minier aux recettes publiques, dans un contexte où le pays cherche à diversifier ses revenus au-delà du pétrole.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 06/08/25 14:03

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