L’informel, un frein à la relance des économies africaines selon la Banque mondiale

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La structure des économies dans les pays en développement est pointée du doigt dans une nouvelle étude de la Banque intitulée "The Long Shadow of Informality : Challenges and Policies" et publiée ce 11 mai 2021.

Selon cette étude qui intervient dans un contexte de relance post-Covid, la reprise pourrait être freinée dans ces pays à cause du poids prépondérant du secteur informel dans l'architecture de ces économies.

Par secteur informel, il faut comprendre l'ensemble des entreprises et des travailleurs qui opèrent en dehors du cadre opérationnel institué par les pouvoirs publics. Il s'agit donc par définition d'un secteur d'activité non réglementé.

Ce secteur représente plus de 70% de l'emploi total dans les économies émergentes et en développement et contribue à pratiquement un tiers du PIB, selon ledit rapport.

En outre, près de 72% des entreprises de prestations de services dans les économies émergentes et en développement, opèrent dans ce secteur.

En représentant 36% du PIB, c'est en Afrique subsaharienne que l'étendue du secteur informel est la plus marquée, contre 22% du PIB pour Moyen-Orient et Afrique du Nord.

"La prédominance de cette économie "au noir" réduit donc la capacité des pays à mobiliser les ressources budgétaires nécessaires pour stimuler l'activité économique en période de crise, mener des politiques macroéconomiques efficaces et constituer le capital humain indispensable au développement à long terme", souligne le rapport.

Pour preuve, dans les pays émergents et en développement où le degré d'informalité est élevé, les recettes publiques ressortent autour de 20% du PIB, soit 5 à 12 points de pourcentage en dessous du niveau atteint dans les autres pays du même groupe. Aussi, les dépenses publiques sont-elles nettement inférieures, jusqu'à 10 points de pourcentage du PIB.

De même, l'aptitude des banques centrales à soutenir l'économie est limitée par le caractère embryonnaire des systèmes financiers, typique d'une informalité omniprésente.

Ainsi, faute de pouvoir accéder à une protection sociale, de nombreux travailleurs du secteur informel n'ont eu ni les moyens de rester chez eux ni la possibilité de respecter les règles de distanciation sociale. Ce faisant, les économies à forte informalité sape les mesures visant à ralentir la propagation de la Covid-19 et à relancer la croissance.

Voir aussi - Sénégal : Le secteur informel a généré 46% de la richesse nationale en 2019

En conséquence, les pays possédant un important secteur informel sont caractérisés par de médiocres performances en développement, avec notamment un revenu par habitant plus faible, une pauvreté plus répandue, de fortes inégalités de revenu, des marchés financiers moins développés et des investissements moins nombreux.

Quelques recommandations pour réduire l'influence du secteur informel

Pour palier donc les inconvénients du secteur informel sur les politiques de relance dans les pays émergents et en développement, les auteurs avancent cinq recommandations, dont entre autres, le renforcement l'accès à l'éducation, aux marchés et aux financements, pour permettre aux travailleurs et aux entreprises du secteur informel d'atteindre un niveau de productivité suffisant pour rejoindre l'économie formelle ; l'amélioration la gouvernance et le climat des affaires pour favoriser le développement de l'économie formelle.

On note également la rationalisation des régimes fiscaux pour réduire le coût de l'activité formelle et renchérir le coût de l'activité informelle.

Le rapport souligne toutefois que l'informalité n'est pas une fatalité et qu'elle est en net recul depuis 30 ans. Elle a par exemple baissé en moyenne de 7 points de pourcentage du PIB entre 1990 et 2018, pour ressortir à 32% du PIB dans le monde.

Dr Ange Ponou

Publié le 11/05/21 17:31

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