Minéraux critiques : L’Afrique veut passer d’un rôle de fournisseur brut à celui de leader industriel

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Alors que la transition énergétique mondiale s'accélère, l'Afrique se positionne comme un acteur stratégique grâce à ses ressources abondantes en minéraux critiques. Lors d'une table ronde réunissant investisseurs, industriels et entrepreneurs africains et asiatiques, parrainée par le gouvernement japonais et le Fonds d'assistance au secteur privé africain (FAPA), les discussions ont porté sur un enjeu clé : comment transformer l'extraction brute de matières premières en une industrialisation locale à haute valeur ajoutée.

Des ressources colossales, mais sous-exploitées

Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a souligné le rôle prépondérant de l'Afrique dans la transition énergétique mondiale. Le continent domine la production mondiale de nombreux minéraux critiques : 95% du chrome, 90% des métaux du groupe du platine, deux tiers du cobalt, 30% du lithium et du manganèse, ainsi que 20% du graphite.

Avec un marché des batteries et des véhicules électriques projeté à 59 000 milliards de dollars d'ici 2050, l'Afrique dispose d'un avantage concurrentiel unique. Le président de la BAD a précisé qu'installer une usine de batteries lithium-ion en RDC coûterait un tiers du prix d'une usine similaire aux États-Unis, illustrant ainsi le potentiel économique du continent.

Des modèles d'exportation obsolètes à la transformation locale

Kodjo Busia, directeur exécutif de Green Africa Minerals, a rappelé que l'Afrique a longtemps été enfermée dans des modèles d'exportation hérités de l'ère coloniale. Ces modèles, perpétués par les politiques d'ajustement structurel, n'ont pas favorisé l'industrialisation locale.

Cependant, la stratégie Vision minière africaine de 2008, développée par le Centre africain de développement minier en Éthiopie, marque un tournant, avec des politiques incitatives, des investissements dans les compétences et la construction de chaînes de valeur régionales. Pour Kodjo Busia, il est désormais impératif d'ajouter de la valeur aux ressources du continent afin d'exploiter pleinement son potentiel naturel.

Partenariats et innovations pour une industrialisation verte

Les partenariats entre l'Afrique et l'Asie sont au cœur de cette transformation. Catherine Zhang, vice-présidente du Conseil des affaires Chine-Afrique, a mis en lumière les 282 milliards de dollars d'échanges commerciaux entre les deux régions cette année. Elle a présenté les efforts d'innovation verte de son entreprise, Rockcheck Group, notamment avec des véhicules à hydrogène alimentés par de l'énergie solaire et des projets dans la logistique carboneutre.

Catherine Kim, directrice des relations avec les entreprises à la Chambre de commerce sud-africain en Corée du Sud, a souligné la vulnérabilité des chaînes d'approvisionnement mondiales et l'intérêt croissant des entreprises coréennes, comme Samsung et LG, pour des partenariats miniers en Afrique. Ces initiatives traduisent un virage vers une collaboration stratégique et durable dans le domaine des minéraux verts.

Un cap clair pour l'avenir

La table ronde a été conclue par Solomon Quaynor, vice-président de la BAD, qui a réaffirmé la volonté de l'Afrique de progresser dans les chaînes de valeur liées aux minéraux critiques. Il a appelé à un engagement collectif entre le secteur privé, les institutions financières et les gouvernements pour bâtir une industrialisation verte ambitieuse et durable. Citant des modèles exemplaires comme les infrastructures marocaines, il a insisté sur la nécessité de mobiliser des capitaux et d'attirer des partenaires stratégiques pour transformer le potentiel africain en richesse tangible.

L'Afrique, riche de ses ressources naturelles, se trouve à un tournant décisif. En adoptant des stratégies axées sur la transformation locale et en multipliant les partenariats internationaux, elle peut non seulement répondre à la demande croissante en batteries et véhicules électriques, mais aussi devenir un acteur clé de l'économie verte mondiale. Cette révolution verte ne se fera pas sans défis, mais les perspectives économiques et environnementales qu'elle ouvre pour le continent sont immenses.

La Rédaction

Publié le 06/12/24 16:37

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