Moody’s abaisse la note du Niger à Caa3, après des remboursements manqués sur sa dette intérieure

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Le profil émetteur du Niger se détériore un peu plus 7 mois après le renversement du Président Bazoum et l'arrivée au pouvoir des militaires conduits par le général Abdourahamane Tiani. Ce 9 février, Moody's Investor Service a déclassé la note à long terme en devises et en monnaie locale du pays de Caa2 à Caa3. Logée dans la catégorie “ultra-spéculative” cette note de crédit, située 2 crans au-dessus du défaut de paiement, est le reflet de la situation délicate des finances publiques nigériennes.

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La décision de Moody's se présente comme une sanction après que Niamey ait manqué plusieurs échéances de remboursement sur la marché régional des capitaux. S'appuyant sur les données de UMOA Titres, l'agence américaine indique que le gouvernement du Niger a accumulé 300 milliards de FCFA (environ 480 millions de dollars ou 2,9 % du PIB) d'arriérés sur le service de la dette entre le 29 juillet 2023 et le 5 février 2024.

Moody's s'attend à ce que Niamey accumule davantage d'arriérés envers les créanciers commerciaux tant que les sanctions infligées par l'UEMOA et la CEDEAO resteront en vigueur. "Les sanctions en vigueur depuis fin juillet 2023, en réponse au coup d'État militaire, ont exacerbé les difficultés économiques, entravant encore davantage la capacité du gouvernement à honorer ses engagements en matière de dette", écrit l'agence.

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Le 28 janvier dernier, le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont annoncé leur retrait de la CEDEAO. Une sortie qui ne sera effective qu'un an après que l'institution qui regroupe les 15 États d'Afrique de l'Ouest, ait été formellement notifiée. En septembre 2023, les 3 pays avaient créé une organisation commune, l'AES, l'alliance des Etats du Sahel avec l'objectif à terme de créer une monnaie commune. Une ambition qui laisse entrevoir une probable sortie de l'UEMOA. "Une telle sortie aurait des conséquences bien plus importantes sur les perspectives d'investissement et de développement que le retrait de la CEDEAO", prévient Moody's.

Toutefois, l'économie du Niger devrait rester résiliente et se maintenir sur une pente ascendante. Le FMI anticipe une croissance de 12,8% cette année puis à 7,4% en 2025. Cet optimisme tient en bonne partie à la mise en service depuis le 2 novembre dernier du pipeline reliant les sites de production pétrolière dans le sud-est du pays au port de Sèmè, au Bénin voisin. Une infrastructure qui va enfin permettre à Niamey d'exporter son pétrole sur le marché international avec la bienveillance du Bénin qui n'entend pas appliquer les sanctions.

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"S'il est mis en œuvre comme prévu, l'oléoduc de 2 000 km permettra de multiplier par cinq la production de pétrole brut, pour atteindre 100 000 barils de pétrole par jour (b/j) d'ici 2026, contre 20 000 actuellement", selon Moody's.

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 10/02/24 10:20

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