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Les nuages s'amoncèlent sur l'économie nigérienne au lendemain du coup d'État militaire intervenu dans ce pays d'Afrique de l'Ouest le 26 juillet dernier. Trois jours après les sanctions économiques imposées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et par l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Moody's Investors Service a abaissé de deux crans la note souveraine du Niamey, la faisant passer de B3 à Caa2.
Dans son rapport d'évaluation publié le 02 juillet, l'agence américaine explique que ces sanctions qui comprennent la suspension des transactions commerciales et financières ainsi que le gel des avoirs de l'État Nigérien à la Banque centrale (BCEAO) et dans les banques commerciales de la CEDEAO, empêcheront Niamey d'effectuer les prochains paiements sur sa dette " ce qui constituerait un défaut selon la définition de Moody's ".
Bien plus, l'agence estime que le prolongement de ces sanctions aura un impact " important et durable " sur la situation économique du pays. Elle mettrait en péril des principaux projets d'infrastructures entrepris dans le cadre du Plan de développement économique et social (PDES) 2022-2026 notamment l'entrée en service de l'oléoduc qui relie le pays au Bénin.
Risque de liquidité
La CEDEAO et l'UEMOA avait donné une semaine aux putschistes pour libérer le président Bazoum sans exclure " l'usage de la force " au cas où cette demande n'était pas satisfaite. L'Union africaine a également menacé d'emboîter le pas au cas où l'ordre constitutionnel ne serait pas rétabli. Moody's craint que la situation sécuritaire et économique ne se détériore davantage car " une intervention régionale aggraverait probablement la situation et saperait davantage le profil de crédit du Niger " prévient l'agence qui a d'ailleurs placé Niamey sous examen en vue d'une nouvelle dégradation.
Voir aussi - CEDEAO / Niger : Les effets immédiats des sanctions sur les finances publiques
La situation est davantage compromise par le retrait du soutien des partenaires internationaux comme la France et États-Unis d'Amérique qui ont déjà suspendu leur soutien financier et leurs engagements de coopération en matière de sécurité au Niger. Selon Moody's, ces retraits priveraient Niamey de subventions budgétaires estimées à 5,5 point de pourcentage de PIB par an. " Un retrait prolongé de l'investissement et de l'appui budgétaire exacerberait le risque de liquidité du gouvernement et pèserait sur la solidité budgétaire du Niger au fil du temps, tandis que le retrait de la coopération en matière de sécurité saperait l'un des principaux soutiens au crédit souverain ". Bien plus, l'érosion de la coopération internationale du Niger en matière de sécurité avec les puissances occidentales expose le Niger et la région à des incursions djihadistes plus larges.
Péril pour les investisseurs régionaux
Selon le calendrier du service de la dette, Niamey est attendu les 11 août et 8 septembre prochain pour des remboursements de 12 milliards FCFA et 21,5 milliards FCFA respectivement. Un autre paiement de 21 milliards FCFA est attendu le 15 septembre suivi de 27 milliards FCFA le 29 septembre 2023. Dans l'hypothèse où Niamey manquait ses paiements, Moody's craint que les investisseurs de l'espace UEMOA ne soient les plus affectés. Selon l'agence, 80 % de l'encours de la dette en monnaie locale à fin juin 2023 est détenue hors du Niger par des investisseurs de la région en tête desquels Côte d'Ivoire et le Burkina Faso.
Cédrick Jiongo
La Rédaction
Publié le 07/08/23 14:02
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