Dans un climat économique de plus en plus tendu, la Banque centrale du Nigéria (CBN) tourne définitivement la page de la souplesse réglementaire héritée de la pandémie. À partir du 30 juin 2025, les dérogations sur les prêts en difficulté ont été levées, marquant le retour à une discipline bancaire rigoureuse. Et ce n'est pas tout. Les établissements de crédit doivent désormais présenter, dans un délai très court, des plans de recapitalisation détaillés, faute de quoi leur solidité financière pourrait être remise en question.
Une exigence de transparence post-crise
Dix jours ouvrables après la clôture du deuxième trimestre, c'est la date butoir donnée aux banques nigérianes pour transmettre leur ‘'plan complet de restauration du capital'' à la Banque centrale. Ce document stratégique devra détailler le niveau réel des provisions sur les créances douteuses ; le stock de prêts restructurés encore en portefeuille ; les ratios d'adéquation des fonds propres calculés avec rigueur ; et la qualité des instruments classés comme fonds propres de catégorie 1, une exigence clé de la régulation internationale (Bâle III).
En clair, l'institution monétaire veut une radiographie précise de la solidité financière de chaque acteur du secteur.
Fin du laxisme sur les prêts à risque
L'une des décisions les plus marquantes du régulateur est la suppression des mesures d'allègement mises en place pendant la crise de Covid-19. Jusque-là, les banques pouvaient encore classer certains prêts risqués comme ‘'restructurés'' sans en supporter immédiatement le coût en capital.
Par ailleurs, la limite d'exposition à un seul emprunteur, auparavant assouplie, est de nouveau strictement encadrée. C'est une façon claire de restreindre les risques de concentration dans le portefeuille de crédit des banques, un sujet sensible dans un pays où quelques conglomérats captent une large part du financement bancaire.
L'inflexion réglementaire intervient alors que le Nigéria est confronté à un contexte économique délicat, marqué par une inflation à deux chiffres persistante ; une croissance économique atone ; et une série de dévaluations du naira, qui ont fragilisé les bilans des banques exposées à la dette en devises.
Pour éviter une crise systémique, la CBN prend donc les devants. L'objectif est donc de restaurer la résilience du système bancaire pour qu'il puisse continuer à financer l'économie réelle sans devenir une source de risque macroéconomique.
Dividendes, primes, expansion ; la mise sous surveillance
Depuis plusieurs mois, le régulateur a intensifié sa stratégie de resserrement prudentiel. En juin, il avait déjà interdit à certaines banques de verser des dividendes ou de rémunérer leurs dirigeants avec des primes, en attendant que leur solidité soit démontrée. De même, les investissements étrangers ont été suspendus pour les établissements bénéficiant encore d'allègements réglementaires.
Dans ce contexte, la multiplication par dix des exigences minimales de fonds propres en 2024, apparaît comme un signal fort ; seules les banques capables de renforcer significativement leur capital survivront dans le paysage bancaire nigérian des années à venir.
Quelle issue pour les petites banques ?
La stratégie actuelle pourrait rebattre les cartes du secteur bancaire. Si les banques les mieux capitalisées, comme Access Bank ou Zenith Bank, semblent armées pour relever le défi, les acteurs de taille intermédiaire ou régionale pourraient être contraints de se regrouper, de céder des actifs ou même de disparaître.
Une phase de consolidation bancaire est donc probable, avec à la clé un secteur plus concentré, mais aussi plus résilient. Cette logique n'est pas nouvelle. Le Nigéria avait déjà connu une telle vague de consolidations en 2005.
La Rédaction
Publié le 07/07/25 17:28
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