Jamais au Sénégal, un partenaire n'a autant fait couler d'encre et de salive au Sénégal. Cette année, le Fonds monétaire international (FMI) a constamment occupé une place de choix dans le débat politique, social et économique au Sénégal. La raison, l'absence de décaissement depuis une année. Une situation lourde de conséquences pour le Gouvernement qui subit des tensions budgétaires.
C'est en juin 2024, que le Fonds monétaire international devait procéder à un premier décaissement de 230 milliards FCFA pour le régime de Bassirou Diomaye Faye alors que ce dernier venait de boucler ses trois mois de présidence. Après maintes réunions, entre Dakar et Washington, il n'y a pas eu de décaissement. La faute, une situation économique et financière avec des agrégats macroéconomiques illisibles.
Au cours d'une conférence de presse, le chef de mission du Fmi au Sénégal, Gemayel Edwards indiquait que l'absence de décaissement était liée à des données qui auraient été falsifiés avec une dette cachée de près de 2000 milliards FCFA et un déficit budgétaire sous-estimé entre 2019 et 2023. Ainsi, l'institution de l'institution de Bretton Woods demandait un nouveau partenariat basé sur du concret et du vrai.
La réplique du gouvernement n'a pas tardé. En conférence de presse en fin septembre, le chef du Gouvernement Ousmane Sonko soulignait que le Sénégal avait choisi la transparence afin d'éviter de débloquer sur de fausses données.
" Le président de la République Bassirou Diomaye Faye a refusé de démarrer sa gouvernance par des mensonges. Car les chiffres des finances publiques sont erronés et maquillés. Nous ne voulons pas commettre d'erreurs qui peuvent nous rattraper et aller à l'encontre des intérêts des populations. C'est notre choix car nous tenons à la transparence, à un endettement efficient et à une gestion rigoureuses ", avait expliqué le premier ministre Ousmane Sonko.
Une attente qui exaspère
Des missions ont été dépêchées à Washington sous la conduite du ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba. Même si le dialogue est permanent, il n'y a toujours aucun accompagnement financier. Une situation qui semble exaspérer le premier ministre Ousmane Sonko.
Le 27 mai dernier en marge du lancement du Forum " Investir au Sénégal ", il a dit que trop d'importance est accordée à l'institution. " Le programme avec certains bailleurs multilatéraux, notamment le FMI, a été suspendu. Depuis un an, aucun décaissement n'a été fait au profit du Sénégal. Mais le Sénégal est encore debout... Nous avons les capacités et les moyens de compter d'abord sur nous-mêmes. ", a rappelé le Chef du Gouvernement du Sénégal.
Dans l'opposition comme au pouvoir, Ousmane Sonko n'a jamais caché sa position sur des partenaires tels que le Fonds monétaire international. Pour lui, ce dernier, ne peut pas développer un pays.
La semaine dernière, la directrice de la communication du FMI, Julie Kozack avait précisé que les autorités sénégalaises mènent actuellement un audit interne sur la dette publique, en cours de finalisation. À l'en croire, le FMI attend donc la publication officielle de ce rapport pour se prononcer de manière plus précise.
Un dénouement espéré
Pour le ministre des Finances et du Budget, les deux parties ont convenu d'entamer des négociations en faveur d'un nouveau programme sur la base de la situation réelle des finances publiques ressortie du rapport de la Cour des Comptes. Selon le ministre, ce nouveau programme économique et financier, élaboré à l'initiative de l'État du Sénégal à partir de la vision Sénégal 2050, du master plan et de la Snd/plan quinquennal, vise à restaurer la crédibilité de la gouvernance financière publique.
Pour l'argentier de l'État, ce programme devra remédier aux causes profondes des insuffisances de la gestion budgétaire et comptable relevées dans le rapport de la cour des comptes ; définir une nouvelle trajectoire des finances publiques, tenant compte des risques liés au niveau d'endettement public. Sans oublier, un appui technique dans des domaines clés tels que la mobilisation des recettes, la gestion des investissements publics ou la réforme du secteur de l'énergie.
De son côté, l'économiste Moubarack Lô pense que dans le contexte actuel, le Sénégal ne peut se permettre de se passer d'un accord avec le FMI, car depuis le début de l'année 2025, les entrées de ressources extérieures, qu'il s'agisse de dons ou de prêts, ont été très limitées. " Un accord avec le FMI est indispensable, car sans lui, de nombreux partenaires hésiteront à s'engager avec le Sénégal, alors que le pays a un besoin urgent de liquidités fraîches pour répondre à ses besoins budgétaires ", considère le spécialiste.
Le dernier décaissement du Fmi, date de 2023, à travers une enveloppe de près de 276 millions de dollars. Aujourd'hui avec la suspension du programme avec l'institution de Bretton Woods, le Sénégal mise sur le marché local avec des interventions accrues sur le MTP et le recours à des appels à l'épargne public.
Mouhamadou Dieng
Publié le 07/07/25 14:14
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