Sur un marché nigérian de la bière évalué à 7 milliards de dollars, soit 3 973,77 milliards FCFA, un nouvel acteur fait parler de lui, non par son volume, mais par sa vision. Il s'agit de la brasserie Bature, pionnière des bières artisanales locales, qui entend bouleverser les habitudes de consommation dans un secteur largement dominé par des multinationales comme Guinness (Diageo), Heineken ou AB Inbev.
Basée à Lagos, la brasserie, fondée des associés, s'est lancée le pari audacieux de passer de 22 000 litres à 100 000 litres de production mensuelle en l'espace d'un an. ‘'Nous avons commencé avec un tout petit système artisanal… et maintenant, nous voulons obtenir au moins 1% du marché nigérian'', confie à Reuters l'un des associés.
Un objectif modeste en apparence, mais qui représenterait tout de même 70 millions de dollars, soit 39,73 milliards FCFA, de chiffre d'affaires annuel.
En parallèle, elle ambitionne d'étendre son réseau de distribution à 500 points de vente à travers le pays d'ici mi-2026, contre seulement 70 à présent. Ce déploiement s'appuiera notamment sur des partenariats avec des hôtels, bars et établissements de loisirs équipés de ses propres tireuses à pression.
Là où les géants misent sur la bière blonde standardisée et accessible, Bature fait le pari du goût, avec des recettes uniques, inspirées des saveurs locales et brassées à partir d'ingrédients majoritairement nigérians. Des arômes de mangue, de gingembre ou de poivre africain viennent ainsi enrichir l'expérience gustative proposée, dans une ambiance de bars culturels et de concerts live. Mais cette différenciation a un prix : les bières Bature coûtent jusqu'à six fois plus cher que leurs concurrentes industrielles. Un pari risqué dans un contexte de forte inflation, d'affaiblissement du naira et de hausse des coûts d'importation, notamment pour certains intrants encore non produits localement.
Comme nombre d'entreprises nigérianes, Bature doit aussi composer avec un environnement des affaires instable. Coupures d'électricité fréquentes, dépendance au diesel pour alimenter les groupes électrogènes, coût élevé de l'eau traitée, autant d'obstacles logistiques qui pèsent sur les marges et la scalabilité de l'entreprise. Malgré tout, la brasserie reste optimiste, estimant que l'évolution des goûts des consommateurs nigérians, notamment les classes moyennes urbaines en quête de produits différenciés et identitaires, jouera en sa faveur. Un pari renforcé par les tendances mondiales.
Selon plusieurs études, le marché mondial de la bière artisanale devrait plus que tripler pour atteindre 250 milliards de dollars d'ici 2033. Une dynamique qui repose en partie sur l'essor de microbrasseries locales capables d'ancrer leur production dans des contextes culturels spécifiques, à l'image de Bature au Nigéria.
Narcisse Angan
Publié le 30/07/25 10:40
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