Les annonces de l'actuel président américain Donald Trump, évoquant une ‘'possible action militaire'' au Nigeria si Abuja ne mettait pas fin aux violences visant des communautés chrétiennes, ont entraîné un mouvement de défiance des marchés. Ce matin, les obligations souveraines du pays libellées en dollars figuraient parmi les dix pires performances des marchés émergents, les titres à échéance 2047 reculant de 0,6 cent pour s'établir à 88,26 cents, d'après les informations de Bloomberg.
La pression s'est également observée sur le marché des changes ; le naira a cédé 1,2% pour atteindre 1 442,80 par dollar, sa plus forte baisse intraday depuis juin. Le président Bola Tinubu a contesté les propos de Donald Trump, estimant qu'ils ignoraient ‘'les efforts constants et sincères du gouvernement'' pour protéger la liberté religieuse.
En effet, dans un message publié ce 1er novembre sur ‘'Truth Social'', son propre réseau social, Trump a déclaré qu'il donnerait instruction au Pentagone de ‘'se préparer à une éventuelle action'' et a menacé de suspendre immédiatement l'aide au Nigeria.
Ces déclarations interviennent alors que Washington a déjà menacé de suspendre une aide annuelle estimée à un milliard de dollars en 2023.
Des fondamentaux économiques en voie de stabilisation
Cette correction ponctuelle intervient dans un contexte d'amélioration progressive des indicateurs macroéconomiques nigérians. Depuis son arrivée au pouvoir en 2023, le président Tinubu a engagé une série de réformes structurelles, notamment la suppression des subventions sur les carburants et la libéralisation du marché des changes.
Ces mesures ont contribué à réduire l'écart de rendement entre les eurobonds nigérians et les bons du Trésor américain, revenu autour de 400 points de base contre près de 1 000 points fin 2022, un niveau alors assimilé à une situation de détresse financière.
Sur les marchés actions, la dynamique reste positive ; l'indice nigérian a progressé d'environ 60% en dollars depuis le début de l'année, tiré par un regain d'intérêt des investisseurs internationaux.
Ces tensions financières s'inscrivent dans un environnement sécuritaire encore fragile. Le Nigeria demeure confronté à une insurrection islamiste qui a fait des dizaines de milliers de victimes depuis plus d'une décennie. L'équilibre communautaire, entre populations musulmanes et chrétiennes, reste sensible et nourrit le débat public interne comme les perceptions internationales.
Malgré l'amélioration macroéconomique, une hausse prolongée de la volatilité financière pourrait fragiliser les efforts de protection sociale et d'investissement public. Dans un pays où plus de 40% de la population vit dans la pauvreté, la stabilité politique demeure déterminante pour transformer les gains macroéconomiques en retombées tangibles.
La Rédaction
Publié le 03/11/25 11:19


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