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Le 21 mars 2025, Standard & Poor's, a confirmé la note souveraine du Cameroun à "B-/B" pour sa dette à long et court terme en devise. L'agence de notation américaine associe à cette note une perspective stable. Toutefois, elle souligne que cette stabilité demeure fragile, du fait de plusieurs défis économiques, politiques et environnementaux qui pourraient peser sur la notation dans les mois à venir.
Dans son évaluation, S&P met en avant la croissance économique du Cameroun, soutenue par des secteurs clés tels que l'exploitation minière, la foresterie et l'agriculture. Bien que la production pétrolière décline progressivement, l'agence note que l'augmentation de la production de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que la résilience des exportations de cacao et de bois, continuent de dynamiser l'économie. Elle rappelle également que le Cameroun bénéficie d'un soutien financier constant des bailleurs internationaux, notamment à travers le programme de 838 millions de dollars signé avec le Fonds monétaire international (FMI) en 2021.
Toutefois, S&P Global Ratings souligne les vulnérabilités structurelles du Cameroun, en insistant sur la forte dépendance du pays aux exportations de pétrole et de gaz qui représentent plus d'un tiers des recettes d'exportation. A en croire cette dernière, cette exposition rend l'économie particulièrement sensible aux fluctuations des prix des matières premières. Elle met aussi en avant les risques liés aux chocs climatiques, qui affectent un secteur agricole employant environ les deux tiers de la population.
Incertitude politique
Dans son analyse, S&P Global Ratings identifie plusieurs facteurs qui pourraient conduire à une dégradation de la note souveraine du Cameroun au cours des douze prochains mois. L'agence mentionne en premier lieu les pressions sur la liquidité du gouvernement. Une baisse marquée des prix du pétrole ou un relâchement budgétaire pourraient aggraver la situation financière du pays.
Par ailleurs, l'agence de notation américaine met en garde contre les incertitudes institutionnelles. Elle rappelle notamment que le Cameroun est dirigé depuis 1982 par le président Paul Biya, qui, à 92 ans, " devrait se présenter pour un huitième mandat à l'élection présidentielle d'octobre 2025 ". L'agence note que le cadre institutionnel camerounais est fortement centralisé et qu'aucune transition de pouvoir n'a encore été expérimentée, ce qui accroît l'incertitude politique.
En outre, la crise armée dans les régions anglophones de l'ouest du pays, même si l'on note un certain apaisement, est considérée comme un autre facteur de risque, en plus du fait qu'elle fait flamber les dépenses de sécurité, privant le pays de ressources ayant pour servir à des investissements productifs.
Les perspectives positives
Malgré ces risques, S&P Global Ratings envisage également un scénario dans lequel la note du Cameroun pourrait être relevée. L'agence indique que si la situation extérieure du pays s'améliore au-delà des prévisions – par exemple grâce à une hausse des prix des matières premières ou à une consolidation budgétaire plus efficace – un relèvement de la notation pourrait être envisagé.
Dans son rapport, S&P Global Ratings souligne que la dette publique nette du Cameroun représente actuellement environ 35,3 % du PIB en 2024. Une réduction plus marquée de ce ratio constituerait un facteur favorable pour la note souveraine. L'agence salue les efforts du gouvernement visant à augmenter les recettes non pétrolières et à maîtriser les dépenses, notamment par la suppression progressive des subventions aux carburants. Ces mesures ont permis de limiter le déficit budgétaire, que S&P Global Ratings estime en moyenne à 1 % du PIB entre 2025 et 2028.
Les défis structurels à relever
Dans son évaluation, S&P Global Ratings insiste aussi sur la nécessité pour le Cameroun de surmonter plusieurs défis structurels pour préserver sa notation. L'agence identifie notamment le sous-investissement dans les infrastructures, en particulier dans le secteur de l'électricité, comme un frein à la productivité et à la croissance économique. Bien que l'agence note la mise en service de projets hydroélectriques majeurs, comme le barrage de Nachtigal, elle considère que l'impact sur la capacité énergétique du pays ne sera pleinement perceptible qu'à moyen terme.
S&P Global Ratings souligne également les obstacles qui entravent l'investissement privé, notamment un climat des affaires jugé peu favorable. L'agence estime que les réformes en matière de gouvernance et de gestion des finances publiques sont essentielles pour stimuler l'économie et réduire la dépendance aux hydrocarbures. En outre, elle relève que la numérisation des services fiscaux et l'élargissement de l'assiette fiscale sont des initiatives prometteuses, mais dont l'impact ne pourra être mesuré que sur le long terme.
L'importance de la stabilité régionale
Pour finir, S&P Global Ratings rappelle que le Cameroun fait partie de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), ce qui lui permet d'accéder à un stock commun de réserves internationales. L'agence estime que cette appartenance contribue à limiter les risques liés à la balance des paiements. Toutefois, elle observe que la région reste globalement vulnérable en raison de sa forte dépendance aux revenus pétroliers.
L'agence évoque notamment le sommet de la CEMAC de décembre 2024, au cours duquel le président Paul Biya a mis en garde contre la nécessité d'adopter des mesures correctives pour garantir la viabilité extérieure de l'union monétaire. S&P Global Ratings considère que la stabilité de la région constitue un enjeu clé pour l'économie camerounaise, qui représente plus de 40 % du PIB de la zone CEMAC.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 24/03/25 09:44
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