Afrique : 10 pays concentrent près de 80% de la richesse créée par le tissu industriel

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Derrière les grandes ambitions de développement économique du continent africain se dessinent des trajectoires industrielles contrastées, mais certaines nations s'imposent désormais comme des piliers de la transformation locale. Selon les dernières données sur la valeur ajoutée manufacturière, dix pays concentrent à eux seuls près de 77 % de la production industrielle du continent. En valeur absolue, ils totalisent 255,8 milliards de dollars de production manufacturée sur un total africain de 331,9 milliards, laissant aux 31 autres pays, dont les données sont disponibles, une part marginale de seulement 23 %.
De l'agro-industrie à l'automobile, en passant par la chimie, le textile ou les matériaux de construction, ces économies construisent à leur rythme les fondations d'une souveraineté productive encore incomplète.

L'Égypte se hisse en tête du classement avec une production manufacturière estimée à près de 59 milliards de dollars. Longtemps centrée sur des activités classiques comme les textiles et les produits alimentaires, l'industrie égyptienne a connu une diversification remarquable. Elle s'illustre aujourd'hui dans les engrais, la pharmacie, la sidérurgie, mais aussi l'électronique, avec l'initiative nationale " Egypt Makes Electronics " qui vise à attirer les assembleurs mondiaux. Le secteur automobile poursuit aussi sa montée en puissance, avec des objectifs de production ambitieux pour les prochaines années, incluant les véhicules électriques.

Le Nigéria avec 55,9 milliards USD suit de près, grâce à la combinaison d'un vaste marché intérieur et de ressources naturelles abondantes. La mise en service de la méga-raffinerie Dangote, censée couvrir la totalité des besoins du pays en carburant, symbolise cette volonté de transformation locale. Mais au-delà du pétrole raffiné, le pays transforme également du ciment, des produits alimentaires issus du manioc ou du sorgho, ainsi que des biens de consommation courante. Toutefois, malgré le dynamisme de certains groupes industriels, le pays peine encore à bâtir une base manufacturière suffisamment intégrée et compétitive, notamment dans le textile, qui subit la concurrence asiatique.

En Afrique du Sud, l'industrie repose sur une base plus historique, avec une forte présence dans l'automobile, la métallurgie, la chimie et l'agroalimentaire, ce qui génère un total de 49,3 milliards USD. Le pays est l'un des rares à disposer d'une filière automobile complète, capable de produire pour l'exportation, tout en conservant une capacité d'innovation locale. Cette solidité industrielle est aussi visible dans la production d'acier, de produits chimiques et de composants électriques, même si la crise énergétique récente a fragilisé certaines unités de production.

Au nord du continent, l'Algérie, de son côté, reste encore largement dépendante des hydrocarbures, bien que des efforts soient faits pour développer l'industrie pharmaceutique, le ciment et les produits alimentaires de base. Le potentiel de transformation est réel, mais les contraintes bureaucratiques et le manque de diversification des intrants freinent la dynamique.

Le Maroc, quant à elle trace sa propre voie, marquée par une stratégie claire d'industrialisation orientée vers l'export. L'automobile, avec les usines Renault et Stellantis, est devenue en quelques années le premier secteur exportateur du pays. Le royaume mise aussi sur l'aéronautique, l'électronique et l'agro-industrie pour renforcer sa compétitivité. L'essor des industries du cuir, du textile, et récemment de l'assemblage de batteries pour véhicules électriques, témoigne de cette volonté de positionnement sur des chaînes de valeur plus sophistiquées.

La RDC, malgré son potentiel minier exceptionnel, reste encore à la marge de cette dynamique, en raison d'une industrialisation faible et d'infrastructures limitées. Toutefois, certaines unités se consacrent à la transformation du bois, des produits agricoles, et à de premières formes de valorisation artisanale des minerais.

Plus à l'Ouest et au Sud, des pays comme la Côte d'Ivoire (11,3 milliards USD), le Ghana (8,5 milliards USD), le Kenya (8,2 milliards USD) ou l'Ouganda (7,6 milliards USD) bâtissent leur tissu industriel autour de l'agro-transformation. La Côte d'Ivoire, le premier pays transformateur de cacao sur le continent, s'inscrit dans ce classement grâce à une industrie solide autour du beurre, de la pâte et de la poudre. À cela s'ajoute la transformation de la noix de cajou, de l'huile de palme et du caoutchouc naturel. Le Ghana suit un modèle similaire, misant sur le cacao, mais aussi sur l'aluminium et les produits textiles. Le Kenya s'appuie sur le thé, le café, le cuir et la pharmacie, tandis que l'Ouganda développe une agro-industrie locale structurée autour du sucre, des produits laitiers et du ciment.

Au regard de ce panorama, une tendance commune se dégage : les pays les plus performants en matière de transformation sont ceux qui ont su combiner une politique industrielle volontariste, une infrastructure logistique adéquate, et une certaine stabilité réglementaire. Mais au-delà des chiffres, le véritable défi est celui de l'intégration locale. Trop souvent, les unités industrielles restent dépendantes de composants ou de matières premières importées, limitant l'impact de la transformation sur l'économie réelle.

La Rédaction

Publié le 29/07/25 17:03

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