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S'il s'est dissipé avec la formation d'un gouvernement de transition et le scrutin prévu pour 2025, le risque politique au Gabon désormais a cédé la place à un risque de liquidités plus accru. Emboîtant le pas à sa consœur Moody's, Fitch Ratings a abaissé d'un cran la note sur les emprunts en devises du Gabon de B- à CCC+, a annoncé l'agence américaine de notation ce 26 juillet 2024.
Voir aussi : Moody's abaisse la note souveraine du Gabon à Caa2 anticipant une forte hausse de la dette
Sur l'échelle de notation de Fitch, les émetteurs notés CCC+ sont logés dans la catégorie “ultra-spéculatif”, ce qui traduit un niveau de risque assez élevé pour les investisseurs. La conséquence est que les chances du pays d'emprunter sur les marchés, sont faibles et si c'est le cas, les investisseurs solliciteront des taux d'intérêts assez élevés.
Pressions sur les finances publiques
Pour justifier sa décision, Fitch évoque “des risques croissants pesant sur la capacité du Gabon à rembourser sa dette”. Libreville a déjà accumulé des arriérés extérieurs estimés à 273,1 millions USD à fin mai 2024 et est attendu en 2025 pour un paiement de 605 millions USD sur ses eurobonds. Les craintes de l'agence sont corrélées à une politique économique trop “expansionniste” du gouvernement de transition qui a augmenté les dépenses budgétaires alors que les marges de recettes restaient limitées. Selon l'agence, les recettes pétrolières, qui représentent la moitié des recettes publiques au Gabon devraient diminuer à partir de 2025 en raison de la baisse des prix et de la production. “Il (le gouvernement, ndlr) prévoit d'accroître le recrutement dans le secteur public, d'apurer les arriérés de pensions et d'ajouter de nouvelles exonérations fiscales, sans plan d'ajustement budgétaire concret”, indique Fitch.
Source : FMI
La première conséquence est que le Gabon passera d'un excédent budgétaire de 1,1% en 2022 à un déficit de 3,9% du PIB en 2024, puis 5,3% en 2025 et 5,8% en 2026. En outre, les besoins en financement du pays augmenteront considérablement (en moyenne à 13,2% du PIB entre 2025 et 2026) alors que la croissance restera “modérée”. La dette publique passerait à 79% du PIB en 2026 contre 70,4% à fin 2023 (contre une précédente estimation de 56%). La révision à la hausse de cet indicateur serait, certes, le reflet de l'important besoin en financement du gouvernement, mais également due à des réajustements qui ont permis de révéler des “dettes cachées” de la précédente administration.
Options de financements limitées
Les risques de non-remboursements sont également liés au fait que la flexibilité en matière de financement du gouvernement gabonais est limitée. Privé de l'aide au développement et compte tenu du coût élevé des émissions sur le marché international, le pays s'est replié sur le marché domestique de la dette où il peine également à lever des fonds. Selon les analystes de Fitch, “le gouvernement pourrait se tourner vers des financements négociés avec des banques commerciales ou une nouvelle accumulation d'arriérés extérieurs non-euro-obligataires, bien que cela puisse avoir un impact sur l'accès au financement de projets auprès des créanciers officiels”.
Libreville est donc dans une impasse. Entre une marge des ressources limitées, d'importantes échéances sur la dette et des promesses politiques de court terme qui ont augmenté les dépenses, l'équilibre budgétaire serait difficile à trouver. Pour Fitch, “un assainissement budgétaire substantiel” est nécessaire pour inverser la tendance.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 27/07/24 14:40
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