Moody’s abaisse la note souveraine du Gabon à Caa2 anticipant une forte hausse de la dette

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Nouvel avis de gros temps pour l'exécutif de transition à la tête du Gabon depuis fin août 2023. Moody's Ratings a, le 14 juin dernier baissé d'un cran la note souveraine du pays, la faisant passer de "Caa1" à "Caa2" avec une perspective stable. "L'abaissement de la note à Caa2 reflète une détérioration marquée de la solidité budgétaire du Gabon et des risques de liquidité accrus, en raison d'une situation budgétaire plus faible qu'initialement prévu", a indiqué l'agence américaine de notation pour justifier sa décision.

Selon Moody's, les révisions récentes des données budgétaires ont révélé une sous-déclaration "significative" des dépenses du gouvernement pendant la période précédant les élections d'août 2023. Du coup, les corrections opérées par le régime en place font ressortir une situation budgétaire plus faible que ce qui était présenté. Par exemple, en intégrant les arriérés intérieurs qui ont permis de financer les dépenses "extra-budgétaires" du précédent gouvernement, le taux d'endettement passe à 70,5% du PIB à fin 2023, soit 14 points de pourcentage de plus que ce que prévoyait l'agence.

Le Gabon perd également des points à cause de sa politique budgétaire jugée trop "expansionniste". Malgré le fardeau de la dette et l'amoindrissement des soutiens financiers internationaux, le gouvernement de transition a quand même engagé dans un certain nombre de dépenses sociales et d'investissements afin de répondre aux attentes populaires. À titre d'exemple, le budget 2024 a prévu une augmentation de 12 % de la masse salariale du secteur public, de nouveaux transferts et subventions et une augmentation de 67 % des investissements publics. "Des besoins de financement publics plus importants exacerberont les pressions sur les liquidités dans un contexte d'options de financement relativement limitées, ce qui entraînera un déficit de financement", prévient Moody's qui anticipe une augmentation du taux d'endettement à 78% et un creusement du déficit budgétaire à 5,1 % du PIB en 2025, contre 1,8 % en 2023.

Le déficit de financement évoqué ici exacerbera le risque d'une nouvelle accumulation d'arriérés envers les créanciers extérieurs et intérieurs et donc des pertes pour les créanciers du secteur privé. Libreville est notamment attendu en juin 2025 pour un remboursement de 605 millions de dollars sur ses eurobonds et sa capacité de refinancement reste limitée par des "conditions financières mondiales toujours tendues".

Réagissant à cette décision, le Ministère gabonais de l'Économie a réitéré sa volonté "d'œuvrer pour plus de transparence afin de parvenir à une meilleure gouvernance économique".

La Rédaction

Publié le 18/06/24 09:40

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