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Un coup dur à l'horizon pour la Banque africaine de développement (BAD). En effet, l'administration Trump envisage de retirer dès 2026, le soutien des Etats-Unis au Fonds africain de développement (FAD), le guichet concessionnel de l'institution panafricaine.
Au total, ce sont 555 millions de dollars, soit 322 milliards FCFA, de contributions aux institutions multilatérales africaines, dont la BAD. Cette décision inscrite noir sur blanc dans la proposition budgétaire fédérale pour l'exercice 2026, pourrait bouleverser l'équilibre financier de l'un des plus importants instruments de développement du continent africain.
La nouvelle, révélée par plusieurs sources consultées par Sika Finance, survient à la veille de l'assemblée annuelle de la BAD à Abidjan, prévues du 26 au 30 mai à Abidjan, la capitale économique de la Côte d'Ivoire, où les Etats membres vont élire un nouveau président. Mais l'ombre de cette annonce plane déjà sur les discussions. Les Etats-Unis, troisième contributeur bilatéral au FAD-16 (cycle 2023–2025), derrière l'Allemagne et la France, jouent depuis plus de quarante ans, un rôle stratégique dans le financement de projets essentiels, dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'électrification rurale, de l'adaptation climatique.
Derrière cette coupe budgétaire se profile une redéfinition de la politique étrangère américaine. Fidèle à son slogan "America First", Donald Trump entend recentrer l'aide internationale sur des institutions jugées plus alignées avec les intérêts géopolitiques des américains. Si la BAD est délaissée, Washington prévoit toutefois de renforcer son soutien à l'Association internationale de développement (IDA), bras équivalent de la Banque mondiale, à hauteur de 3,2 milliards de dollars. Parallèlement, la Development Finance Corporation (DFC), l'Agence américaine de développement, l'équivalent de l'AFD, Agence française de développement, bénéficierait aussi d'un appui renforcé.
Cette redistribution des cartes souligne un arbitrage clair, l'abandon du multilatéralisme africain au profit d'outils perçus comme mieux contrôlables ou plus directement influents. Mais le signal envoyé au continent est lourd de conséquences diplomatiques. En s'éloignant de la BAD, les Etats-Unis affaiblissent une institution régionale qui, bien que multilatérale, est souvent perçue comme un levier d'autonomie économique pour l'Afrique.
Ce retrait potentiel arrive au pire moment. La BAD estime à plus de 400 milliards de dollars les besoins de financement pour combler le retard en infrastructures d'ici à 2030. De son côté, la Commission économique pour l'Afrique fixe la barre annuelle à 100 milliards de dollars. Une défaillance de financement de la part de Washington laisse craindre un effet domino. D'autres bailleurs pourraient revoir leurs engagements, ou exiger une réévaluation des mécanismes de financement.
Le président sortant de la BAD, Akinwumi Adesina, fervent défenseur de la justice climatique et de la création de guichets pour les pays à faible revenu, voit sans doute dans cette annonce un revers amer. La BAD, qui se veut fer de lance d'une croissance durable et inclusive sur le continent, pourrait se voir contrainte de repenser en profondeur ses modèles de financement, voire d'amorcer un virage stratégique vers des partenariats non occidentaux, notamment asiatiques ou du Golfe.
En rompant avec quatre décennies de coopération, l'administration Trump fait plus qu'imposer une coupe budgétaire. Elle remet en question la pertinence même de la solidarité multilatérale. Pour nombre d'observateurs, cette décision n'est pas seulement budgétaire, elle est idéologique. Le désengagement américain vis-à-vis du FAD s'inscrit dans une séquence cohérente : retrait de l'accord de Paris, remise en cause des institutions multilatérales, méfiance croissante envers les organisations régionales.
Narcisse Angan
Publié le 05/05/25 11:16
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