Cameroun : 7 560 milliards FCFA nécessaires pour achever 284 chantiers publics d'ici 2028

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 3h31min

Entre projets mal ficelés et retards criards dans l'exécution des chantiers, l'Etat camerounais doit mobiliser 7 560 milliards FCFA pour achever des projets d'ici 2028 au moins. 

Le Cameroun doit mobiliser l'équivalent de 7 560 milliards de francs CFA (environ 11,5 milliards d'euros) pour finaliser 284 projets d'investissement déjà engagés, selon les dernières projections budgétaires pour la période 2026-2028. Le chiffre a été révélé le 4 septembre 2025 lors des conférences nationales de programmation budgétaire.

Entre 2024 et 2025, le portefeuille de projets n'a presque pas évolué. 290 dossiers étaient en cours l'an dernier, contre 284 cette année, répartis dans 31 administrations. Cette relative stabilité est attribuée aux mesures prises pour limiter le lancement de nouveaux projets, afin de concentrer les ressources sur les chantiers en cours.

Mais cette discipline n'a pas empêché la facture de s'alourdir. En un an, les besoins résiduels ont bondi de 18%, passant de 6 432 à 7 560 milliards FCFA. Autrement dit, malgré un volume de projets quasiment constant, leur coût d'achèvement est devenu plus élevé.

76% de l'enveloppe concerne les Travaux publics

Trois quarts du montant total concernent le secteur des infrastructures. À lui seul, le secteur absorbe 4 807 milliards FCFA, soit 76% du total. Cette progression est presque entièrement due au ministère des Travaux publics, dont le portefeuille a été élargi à des projets de grande envergure comme la phase 2 de l'autoroute Yaoundé-Douala. Rien que ce chantier pèse près de 1 000 milliards FCFA.

Plus largement, cinq ministères concentrent plus de 80% des financements à trouver. Travaux publics (46%), Eau et énergie (14%), Habitat et urbanisme (12%), Santé publique (6%) et Transports (5%). La structure de financement interpelle. Selon le rapport officiel, 76% des besoins devraient être couverts par des ressources extérieures (soit 5 776 milliards FCFA), contre seulement 24% pour les fonds internes (1 784 milliards FCFA). Le problème est que cette dépendance coïncide avec un faible niveau d'exécution. En 2023, à peine 56% des crédits extérieurs programmés avaient effectivement été décaissés.

Projets incomplets et lenteurs dans les procédures 

" L'augmentation de la part des financements extérieurs, combinée à la faiblesse des capacités d'absorption, creuse un écart inquiétant entre besoins et réalisations ", peut-on lire dans le rapport susmentionné. Face à ce constat, le gouvernement a déjà réduit de 65 milliards FCFA les crédits extérieurs inscrits au budget 2025, afin d'adapter la programmation aux réalités. Le rapport liste plusieurs facteurs qui expliquent ces difficultés, notamment des études techniques souvent incomplètes, des retards dans les indemnisations, une multiplication des projets sans hiérarchisation claire, et surtout, la lenteur des procédures pour obtenir les “avis de non-objection” des bailleurs internationaux.

Pour y remédier, les experts recommandent l'organisation d'un colloque spécifique sur les capacités d'absorption des financements extérieurs, afin d'identifier les blocages structurels et d'y apporter des solutions. Le rapport va plus loin en simulant les trois prochaines années. Rien qu'en 2026, les projets en cours nécessiteront 1 823 milliards FCFA. Or, même si toute l'enveloppe d'investissement prévue au budget était affectée à ces seuls projets, un déficit de 176 milliards subsisterait. À moyen terme, les besoins demeurent élevés. 1 453 milliards FCFA en 2027 et 1 619 milliards en 2028. Après cette période, un reliquat de 2 386 milliards restera encore à financer. 

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 08/09/25 11:13

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

8YPP75ZTaS51fheX1xXk2WVO5ut0-A2Syl8Nmef9keg False