Cameroun: Financement et énergie, les derniers verrous avant la première usine locale de bitume

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La construction de la première usine de production locale de bitume au Cameroun, portée par All Bitumen Cameroon PLC (ABC PLC), une société privée de droit camerounais où l'État Camerounais possède 15% des parts, reste conditionnée à la levée de plusieurs contraintes majeures.

Ces défis concernent principalement l'aménagement du site industriel, la structuration financière du projet, l'accès aux intrants énergétiques et la synchronisation des infrastructures portuaires, selon le rapport sur l'état de mise en œuvre des recommandations du Parlement issues du débat d'orientation budgétaire de l'exercice 2025, publié par la Direction générale du budget.

Le premier enjeu demeure la préparation effective du site de 60 hectares situé dans la zone industrialo-portuaire de Kribi, mis à disposition par le Port autonome de Kribi (PAK). Si l'enlèvement du couvert végétal a démarré, les travaux de décapage complet, de terrassement et de remblais nécessaires pour rehausser le niveau du sol conformément aux plans de conception industrielle doivent encore être finalisés.

Ces opérations, indispensables au lancement des travaux de construction, nécessitent des financements publics dont la mobilisation reste attendue, d'après la même source budgétaire.

Le financement global du projet constitue un autre défi central. Estimé initialement à près de 107 milliards de FCFA, le coût du projet est désormais évalué à environ 161 milliards de FCFA. Depuis fin 2024, la Banque africaine d'import-export (Afreximbank) dispose d'un mandat d'arrangeur, lui permettant de participer au financement et de mobiliser d'autres partenaires.

En parallèle, des négociations sont en cours avec plusieurs banques locales, notamment Afriland First Bank, en co-arrangement avec la Société Générale Cameroun. Toutefois, la conclusion définitive des accords de financement reste attendue avant l'entrée en phase de construction lourde.

Sur le volet portuaire, identifié dès l'origine comme un point de blocage potentiel, des avancées ont néanmoins été enregistrées. Le 18 décembre 2025, le PAK et la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) ont signé un protocole d'accord avec le consortium français Parlym-Negri pour la préparation et la réalisation de la composante portuaire du futur Terminal hydrocarbures de Kribi.

Le mandat confié couvre la conception technique, les études d'ingénierie, le montage financier, les aspects juridiques et la construction du quai en eau profonde et de la zone manifold. Ces infrastructures qui sont principalement destinées à desservir le futur dépôt pétrolier de la SCDP, pourraient également, servir les intérêts d'ABC PLC.

L'accès sécurisé aux intrants énergétiques reste également un enjeu non totalement levé. L'approvisionnement de l'usine et de la mini-raffinerie associée en gaz naturel camerounais suppose la signature d'accords structurants avec la Société nationale des hydrocarbures (SNH), ainsi que la construction d'un pipeline dédié. La garantie d'accès aux bruts locaux figure également parmi les engagements attendus dans le cadre du partenariat stratégique entre l'État et ABC PLC, tel que prévu par le protocole d'accord signé entre les parties.

Des avancées malgré les retards

Ces défis persistent alors même que le projet a franchi plusieurs jalons importants. Initié à la suite du Conseil de Cabinet du 23 mai 2019, le projet s'inscrit dans la politique nationale d'import-substitution et dans les orientations du sous-secteur hydrocarbures-raffinage-pétrochimie de la Stratégie nationale de développement à l'horizon 2030 (SND 30).

Il prévoit la mise en place à Kribi d'une usine capable de produire environ 250 000 tonnes de bitume par an, adossée à une mini-raffinerie de 10 000 barils par jour, afin de couvrir l'ensemble des besoins nationaux et sous-régionaux en bitume et près de 25 % de la demande nationale en produits pétroliers.

Les études de faisabilité, présentées le 13 janvier 2022 à Kribi, ont conclu à la viabilité technique, financière et économique du projet. Elles ont permis l'obtention d'autorisations clés, notamment le certificat de conformité environnementale, l'autorisation d'implantation et d'exploitation en tant qu'établissement classé, l'étude de dangers, les autorisations de prélèvement et de déversement des eaux, ainsi que la validation des études hydrogéologiques.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 24/12/25 11:54

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