Roger Mbassa Ndine, maire de Douala, a officiellement lancé ce 11 septembre, la campagne de sensibilisation communautaire pour le projet de Bus rapid transit (BRT), en présence de la ministre de l'Habitat et du Développement urbain, Célestine Ketcha Courtès. Cette opération, confiée à l'ONG camerounaise Ridev, vise à informer les populations et à favoriser leur adhésion au projet. " Concrètement, nous allons déployer 14 kiosques le long de l'itinéraire du BRT, avec des agents communautaires recrutés localement pour mener cette mission ", a expliqué Sandrine Noumsi, chargée des programmes à Ridev.
Cette étape intervient alors que le projet, annoncé dès 2015, n'a toujours pas démarré physiquement. L'idée d'implanter un système de bus à haut niveau de service avait été relancée en 2019, mais est restée à l'état de planification jusqu'à l'intervention de la Banque mondiale.
Le financement de 261 milliards FCFA (environ 400 millions de dollars) a été approuvé en juin 2022 par le Conseil d'administration de la Banque mondiale et formalisé en juillet 2024. La date de clôture financière est fixée au 16 juin 2028, une échéance qui semble déjà compromise.
Négociations pour un report
Conscientes du retard, les autorités camerounaises négocient avec la Banque mondiale un report de la date d'achèvement au-delà de 2028. " Lors de la dernière mission de supervision de la Banque mondiale qui s'est tenue en juin 2025, il a bien été noté justement ce risque de ne pas finaliser les travaux en 2028 ", a expliqué Tene Mbimi Prisca, coordonnatrice du projet. " Nous avons eu un accord de principe (…) mais sous réserve de ce que nous commençons déjà tous les travaux ", a-t-elle souligné.
L'objectif actuel est de publier les appels d'offres " au plus tard, en septembre 2025 ", selon la coordonnatrice. Le démarrage physique des travaux d'aménagement des voies de rabattement est prévu pour le premier trimestre 2026, et les travaux sur le corridor principal pour le troisième trimestre 2026.
La situation du BRT s'inscrit dans un contexte national de faibles taux de décaissement des financements octroyés par la Banque mondiale. En avril 2025, le ministère de l'Économie a reconnu que " neuf projets sur les 17 financés par l'institution sont actuellement “à risque” ". Le taux de décaissement cumulé global n'était que de 32,76 % au 30 avril 2025.
Selon une analyse du FMI, le Cameroun a enregistré entre 2012 et 2022 " plus de 123 milliards FCFA de pertes financières en raison de retards dans l'exécution de projets d'investissement financés par des bailleurs extérieurs ", un déficit de performance qui pèse lourdement sur les finances publiques. Le BRT de Douala, avec ses 27 km de lignes et 44 stations, représente un enjeu stratégique pour la mobilité et l'économie de la métropole.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 12/09/25 13:25