Cameroun : L’État enclenche le processus de rachat des actifs d’Actis dans ENEO

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Après plusieurs mois de tractations, l'État camerounais s'est finalement résolu à racheter les 51% de parts que le fonds d'investissement britannique, Actis, détient dans Eneo, la société détenant la concession du service public de l'électricité dans le pays.

Selon une correspondance du Secrétaire général de la présidence de la République (SGPR) adressée à son homologue au sein des services du Premier ministre (SGPM), Paul Biya a instruit la mise sur pied d'un comité interministériel chargé de piloter le processus de rachat.

Voir aussi - Cameroun/électricité : Le bénéfice d'ENEO bondit de 77% en 2020

Cet organe présidé par le ministre des Finances Louis Paul Motaze assisté de ses homologues de l'Économie et de l'Énergie, sera composé d'un représentant de la Présidence de la République, du Premier Ministère, de l'Agence de Régulation du secteur de l'électricité (ARSEL), et directeur général de la CNPS entres autres. “le chef de l'État prescrit au comité d'accorder une attention particulière au traitement de ce dossier, qui devra, au fur et à mesure de son évolution, faire objet d'un compte rendu régulier adressé au Secrétaire Général de la Présidence de la République pour la Très haute Instruction de Monsieur le Président de la République” écrit Ferdinand Ngoh Ngoh.

Il s'agit du premier acte concret du gouvernement camerounais dans le cadre de la nationalisation de cette entreprise après qu'Actis ait annoncé son intention de se retirer. Les modalités de cession ainsi que l'évaluation de la valeur des actions d'Actis devraient être effectuées par le comité. De même, la présence au sein de ce comité du Directeur général de la CNPS, le fonds public de pension, laisse croire que l'entrée au capital d'Eneo par l'État se fera au travers de cette entreprise. Une opération qui permettra à Yaoundé, déjà détenteur de 44% des parts d'ENEO, de s'arroger désormais 95% des droits de vote.

Il faut tout de même dire que si la transaction est bouclée, l'État camerounais prendra le contrôle d'une entreprise en difficulté en raison du déséquilibre financier structurel du secteur de l'électricité́ dans le pays. Au 31 décembre 2022, Eneo traînait une dette colossale de 700 milliards FCFA auprès de ses fournisseurs (DPDC, KPDC, SONARA, EDC, SONATREL…) et des banques locales.

Une dette qui s'est accumulée en raison de multiples impayés de ses factures en amont, principalement celles des entreprises et établissements publics à qui ENEO fournit de l'électricité. Selon les données du ministère de l'Eau et de l'Energie, l'entreprise ne dispose pas assez de ressources pour couvrir ses dépenses d'exploitations. Elle affiche un déficit de trésorerie mensuel de 29 milliards FCFA.

Une fois majoritaire au sein du conseil d'administration, la priorité de l'Etat camerounais, apprend-on, sera d'enclencher un plan de restructuration pour remettre l'énergéticien sur de bons rails. “Le plan d'urgence 2023-2026 a pour vocation première d'éviter la faillite de la société́ ENEO à travers sa restructuration et pour seconde vocation de mobiliser auprès des partenaires techniques financiers les ressources d'investissement qui auraient dues être mobilisées par ENEO” indique une source proche du dossier.

L'autre défi pour Yaoundé sera d'optimiser l'approvisionnement en électricité dans le pays, dont le taux d'accès est de 71%. Le pays s'est fixé pour objectif d'atteindre une capacité de production de 5 000 MW en 2030 (contre 1640 MW en 2023) pour impulser l'industrialisation et devenir un pays exportateur d'énergie.

Rappelons que c'est en 2014 qu'Actis a racheté au groupe américain AES ses actifs dans AES-Sonel (prédécesseur d'Eneo) pour un montant de 220 millions de dollars, soit environ 135 milliards de FCFA.

Cédrick Jiongo

 

La Rédaction

Publié le 14/09/23 16:02

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