Cameroun/Présidentielle 2025 : Les inquiétudes de Fitch Ratings

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Dans son dernier rapport sur la solvabilité du Cameroun publié le 15 novembre, Fitch Ratings estime que "l'instabilité politique" dans le pays sera un facteur majeur qui influencera sa note souveraine. L'agence de notation américaine pointe notamment du doigt que l'âge du Président Paul Biya (92 ans), sa longévité au pouvoir (depuis 1982) et "l'absence d'un plan de succession" comme autant de facteurs qui pourraient entraîner des troubles socio-politiques.

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Si Fitch a maintenu la note B du Cameroun et lui a attribué une perspective négative, c'est parce qu'elle s'inquiète du risque d'une exacerbation des tensions politiques avec l'élection présidentielle prévue en octobre 2025. "Les tensions sociales et politiques pourraient s'accentuer à l'approche de l'élection, ce qui accroîtrait les inquiétudes quant à la stabilité politique du Cameroun", indique l'agence dans son rapport. "L'absence de plan de succession et les divisions et rivalités politiques au sein du parti au pouvoir exacerbent le risque d'une transition désordonnée du pouvoir".

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Comme ceux de Fitch, les analystes de S&P et Moody's s'appuient également généralement sur ce qu'elles considèrent comme des incertitudes liées à la transition politique du Cameroun pour justifier le maintien du pays à niveau bas de l'échelle de notation. Ce qui contribue à renchérir le coût de la dette. Pourtant, jusqu'ici, le Cameroun n'a pas encore enregistré de défaut de paiement et fourni beaucoup d'efforts en matière budgétaire et de gestion de sa dette. Selon Fitch, le solde budgétaire du pays devrait être excédentaire (0,1%) en 2024 avant de se stabiliser en 2025 et 2026. Certes, les recettes pétrolières diminueront de 26,1% en 2026 en raison de la baisse des prix et de la production du pétrole, mais cette contraction n'aura qu'un faible impact au plan budgétaire. En effet, le gouvernement projette les recettes pétrolières ressortiront à 612,5 milliards FCFA en 2026 et 580 milliards FCFA en 2027 tandis que l'enveloppe des recettes non pétrolières est projetée en moyenne à 5 417,7 milliards FCFA.

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En matière de service de la dette, le Cameroun a enregistré en 2023, deux incidents de paiements tardifs (2 jours et 5 jours) envers la BEI, mais s'est ensuite rattrapé. À date, le pays est à jour de toute ses obligations en matière de service de la dette extérieure. Concernant les arriérés intérieures, Yaoundé a apuré, cette année, 467 milliards de FCFA d'impayés en réalisant un emprunt par placement privé de 550 millions USD et en contractant un prêt auprès d'Afreximbank. Le ratio dette/PIB du pays est sur une trajectoire descendante et devrait passer de 41,7 % du PIB en 2023 à 36,3 % en 2026, avec une maturité moyenne de 7,6 ans. Le service de cette dette ne devrait représenter que 4,8% des recettes en moyenne sur la période.

Enfin, Fitch projette une croissance résiliente du PIB 4% en 2025 et de 4,1 % en 2026, tirée par l'agriculture, la construction et la mise en service de projets d'infrastructures et d'électricité. Ce, malgré un contexte sécuritaire délicat marqué par la guerre à l'Extrême nord du pays contre la secte islamiste Boko Haram qui absorbe une bonne partie des recettes.

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 19/11/24 15:21

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