À la fin de l'année 2025, la Guinée équatoriale enregistrera le déficit budgétaire le plus marqué de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC). Le solde budgétaire de ce pays s'établirait à -4,4% du PIB, en forte dégradation par rapport à -0,5% en 2024 et -4% en 2023, selon les prévisions de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC).
Cette situation résulte d'une baisse des recettes publiques, qui passeraient de 18% du PIB en 2024 à 15% en 2025, combinée à une hausse des dépenses estimées à 19,5% du PIB.
Ce creusement place Malabo dans une position nettement plus défavorable que ses voisins, même si la sous-région reste globalement marquée par un déficit. D'après le Bulletin économique et statistique n°25 du mois de juin de la BEAC, publié le 10 septembre dernier, la CEMAC dans son ensemble affichera un déficit budgétaire hors dons de 890,8 milliards FCFA, contre 781,8 milliards en 2024.
Le déficit budgétaire hors dons correspond à l'écart entre les recettes (impôts, taxes, revenus divers) et les dépenses de l'État, avant de prendre en compte les appuis financiers gratuits des bailleurs. En tenant compte également d'une hausse des arriérés de paiements (autrement dit des factures que les États n'arrivent pas à régler à temps) de 220,5 milliards FCFA, le déficit global ‘'en base caisse'' (c'est-à-dire après prise en compte des retards de paiements) atteindrait 670,3 milliards FCFA.
Pour combler ce déséquilibre, les six États de la zone devront mobiliser 1 998,8 milliards FCFA d'emprunts extérieurs et 685,1 milliards FCFA d'emprunts bancaires contractés dans la sous-région, en plus de 485,1 milliards FCFA de dons de partenaires internationaux. Ces ressources ne couvriront pas seulement le déficit, elles permettront surtout d'honorer le service de la dette extérieure à hauteur de 2 206,8 milliards FCFA (remboursement du capital et des intérêts) et de réduire les dettes contractées auprès du système non bancaire régional de 279 milliards FCFA (fournisseurs, entreprises publiques, etc.).
La BEAC estime que l'encours de dette globale des pays de la CEMAC représenterait 45,3% du PIB en 2025, contre 47,3% un an plus tôt. Le ratio du service de la dette publique extérieure sur les recettes budgétaires atteindrait 20,2% (après 23,2% en 2024), tandis que celui rapporté aux exportations s'élèverait à 15,2%, après 14,9% un an plus tôt. En clair, la dette pèsera un peu moins lourd dans la richesse produite, mais un cinquième des recettes fiscales restera absorbé par le remboursement de la dette extérieure.
En comparaison avec la Guinée équatoriale, les autres pays de la zone afficheraient des trajectoires plus contenues. Au Cameroun, le déficit budgétaire reculerait à -0,2% du PIB en 2025, après -1,8% en 2024, grâce à des recettes en hausse (16,7% du PIB) et des dépenses légèrement en baisse (17,2% du PIB, contre 17,9% un an plus tôt). En République centrafricaine, le déficit, qui atteignait -4,2% du PIB en 2024, se réduirait à -1,8%. Le Congo resterait en excédent, mais en forte contraction : 1,3% du PIB en 2025, contre 4,8% en 2024 et 5,6% en 2023. Le Gabon reviendrait à l'équilibre, après un déficit de -1% en 2024. Quant au Tchad, son déficit s'établirait à -0,9% du PIB, stable par rapport à 2023, mais en recul par rapport à -0,2% en 2024, avec des dépenses en hausse (17,8% du PIB, contre 15,5% un an plus tôt).
Au niveau consolidé, la CEMAC enregistrerait un déficit global de -0,5% du PIB en 2025, identique à celui de 2024, après un léger excédent de 0,7% en 2023.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 15/09/25 17:22