Dans sa dernière note sur la politique monétaire, publiée ce 3 juillet, la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) alerte sur une dégradation persistante de la qualité des portefeuilles bancaires dans la zone CEMAC. Cette tendance est alimentée par une hausse continue des créances en souffrance, lesquelles représentent désormais 17,4 % de l'encours total des crédits bruts au 31 mars 2025, contre 16,6 % un an plus tôt.
Le phénomène, déjà identifié comme une vulnérabilité systémique dans la région, reste au cœur des préoccupations des régulateurs monétaires et bancaires. Selon les données consolidées à fin mars 2025, le volume des créances non performantes poursuit sa progression dans les six États membres de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, RCA et Tchad), en dépit de la solidité affichée par la trésorerie nette globale du secteur bancaire.
À cette date, la trésorerie nette des établissements de crédit s'est établie à 9 097,6 milliards de FCFA, en hausse de 699 milliards sur un an. Elle représente désormais 35 % du total bilan des banques. Les emplois de trésorerie, principalement composés de titres de placement (54,8 %), d'opérations à vue (31,9 %) et à terme (8,3 %), ont atteint 12 061 milliards de FCFA, marquant une progression annuelle de 16,4 %. Les ressources de trésorerie, quant à elles, ont atteint 3 053 milliards, dont près des trois quarts sont constitués de dépôts à terme.
Mais cette liquidité globale confortable masque des fragilités persistantes dans l'octroi de crédit, le cœur de métier des banques. Lors d'une concertation organisée le 23 juin 2025 à Bangui entre la Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC) et les représentants du secteur, le régulateur a précisé que les créances douteuses, impayées ou immobilisées continuent de peser lourdement sur les bilans. Le rappel a été jugé nécessaire alors que les créances en souffrance ont presque quadruplé entre 2012 et 2022, pour s'établir à 1 917,9 milliards de FCFA, contre 495 milliards dix ans plus tôt, selon la Revue de stabilité financière 2022 de la BEAC.
Trois catégories de créances sont prises en compte dans cette évaluation. Il s'agit principalement des créances impayées, échues à la date prévue de remboursement ; les créances immobilisées, en défaut depuis plus de trois mois mais dont le recouvrement est encore envisageable ; et enfin, les créances douteuses, qui présentent un risque avéré de non-recouvrement total ou partiel, même lorsqu'elles sont garanties.
La Banque centrale identifie deux grands types de facteurs à l'origine de cette dynamique. D'une part, des faiblesses structurelles, notamment l'insuffisance des mécanismes de gouvernance et d'évaluation du risque dans nombre d'établissements de crédit. D'autre part, elle l'associe également au contexte économique et budgétaire volatil qui prévaut en zone Cemac. A en croire cette dernière, les tensions sur les finances publiques ont entraîné des retards de paiement de la part des États, affectant par ricochet les entreprises titulaires de marchés publics, souvent clientes des banques commerciales.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 05/07/25 16:21
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