CEMAC : Les rapatriements de devises et avoirs en or boostent les réserves de change au 1er trimestre

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Portées par une combinaison d'instruments monétaires et financiers, les réserves de change de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) ont franchi un cap symbolique au premier trimestre 2025. Selon les données du rapport sur la politique monétaire que vient de publier la Banque centrale, elles ont atteint 7 511 milliards FCFA au 31 mars 2025, soit l'équivalent de 4,81 mois d'importations de biens et services pour l'ensemble de la CEMAC. Ce niveau, maintenu au-dessus de 7 000 milliards pendant six mois consécutifs, marque une progression annuelle de 10,8% à fin avril, date à laquelle les réserves affichaient encore 7 380 milliards FCFA.

Ce rebond résulte de la conjugaison de plusieurs leviers. D'une part, la BEAC observe un retour soutenu des devises dans le circuit bancaire, conséquence directe de la mise en œuvre stricte de la réglementation des changes entrée en vigueur en 2019. Ce dispositif impose aux opérateurs de la région de rapatrier et de céder leurs devises issues des exportations, assurant ainsi une meilleure circulation des capitaux et la disponibilité des avoirs extérieurs.

D'autre part, les revenus issus de la gestion active des portefeuilles de la Salle des Marchés de la BEAC – notamment les dépôts à vue et les comptes titres – ont contribué à renforcer les réserves. À cela s'ajoute la réévaluation des avoirs en or, profitant de la flambée du cours de l'once sur les marchés internationaux au premier trimestre.

La structure des réserves au 30 avril 2025 reflète cette diversification. Elles se composent à 63,6% d'avoirs extérieurs à vue, à 28,7% d'autres placements en devises, à 5,2% d'encaisse or et à 2,5% d'avoirs auprès du FMI. Cette configuration, combinée aux flux de devises rapatriées, a permis d'améliorer le taux de couverture extérieure de la monnaie régionale, qui passe de 72,2% en mars 2024 à 75,2% un an plus tard.

Malgré ces signaux favorables, la région continue de subir une pression importante sur ses réserves, liée notamment à sa dépendance aux importations de produits pétroliers raffinés. Lors de l'ouverture de la Finance Week à Yaoundé, le 17 juin 2025, le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, a chiffré cette ponction annuelle à plus de 2 000 milliards FCFA, soit environ 3,2 milliards de dollars. Une facture que le responsable juge évitable, d'autant que cinq des six pays membres de la région sont producteurs de pétrole brut.

L'enjeu est donc industriel. Pour la banque centrale, développer des capacités locales de raffinage permettrait non seulement de réduire les sorties de devises, mais aussi de soutenir la souveraineté économique de la sous-région. Le Cameroun, dont la raffinerie nationale (Sonara) est à l'arrêt depuis 2019, illustre les limites actuelles du modèle. Le projet de réhabilitation de cette infrastructure, estimé à 250 milliards FCFA, reste suspendu, malgré des effets potentiels significatifs sur la balance commerciale.

Au-delà du secteur pétrolier, la BEAC recommande d'étendre la stratégie d'import-substitution à d'autres chaînes de valeur. Le gouverneur a notamment évoqué la filière textile, où l'importation de vêtements de seconde main génère une sortie annuelle de devises estimée à 100 milliards FCFA. La construction d'une industrie locale serait, selon lui, un moyen de renforcer les réserves et de limiter la dépendance extérieure.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 04/07/25 12:50

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