Côte d’Ivoire – Ghana : Vers la création d’un parc agro-industriel conjoint

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 11h31min

Et si l'intégration africaine se construisait d'abord dans les champs et les usines de transformation ? C'est le pari que viennent de lancer la Commission de l'Union africaine (CUA), la CEDEAO et la Commission économique pour l'Afrique (CEA) en initiant un projet pilote de chaînes de valeur agricoles transfrontalières entre la Côte d'Ivoire et le Ghana.

Un laboratoire grandeur nature pour concrétiser la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et transformer les frontières en passerelles de prospérité.

Le cacao et le riz au centre du jeu

Le choix des deux filières prioritaires n'est pas anodin. La Côte d'Ivoire et le Ghana produisent ensemble près de 60% du cacao mondial mais ne transforment localement qu'environ 20%. Le reste part brut vers l'Europe et les États-Unis, privant les deux pays d'une manne de plusieurs milliards de dollars.

A titre d'illustration, le marché mondial du chocolat pèse plus de 130 milliards de dollars par an, contre seulement 15 milliards USD captés par les producteurs de fèves.

À l'autre extrémité, le riz illustre la dépendance alimentaire : près de 40% du riz consommé en Côte d'Ivoire et 60% au Ghana sont importés, notamment d'Asie. Les importations de riz coûtent ainsi plus de 1,5 milliard de dollars par an aux deux pays.

Un paradoxe alors que les plaines fertiles et les bassins hydrographiques de la sous-région pourraient couvrir une grande partie de la demande locale.

En intégrant leurs efforts, Abidjan et Accra espèrent bâtir un pôle cacao-riz transfrontalier, moteur de valeur ajoutée et d'emplois.

Des ambitions au-delà des frontières

Le projet, lancé dans le cadre du programme ‘'Agro-pôles africains communs'' (CAAP), s'inspire de l'expérience réussie de coopération agro-industrielle entre la Zambie et le Zimbabwe. L'objectif est de créer un parc agro-industriel conjoint Côte d'Ivoire-Ghana, combinant transformation locale, infrastructures modernes, normes de qualité harmonisées et financements adaptés.

‘'Nous devons transformer nos frontières en passerelles pour promouvoir le ‘'Made in Africa'''', a plaidé Janet Edeme, directrice de l'Économie rurale et de l'Agriculture à la CUA.

Derrière l'ambition agricole, se joue une bataille stratégique, celle de l'autonomie économique. La ZLECAf, souvent critiquée pour son rythme lent, trouve ici une application concrète. Pour la CEDEAO, qui milite depuis des années pour une politique industrielle commune, c'est l'occasion de passer des discours aux actes.

‘'La transformation inclusive est notre priorité. Nous soutiendrons le déploiement de la ZLECAf avec des outils comme les certificats d'origine électroniques'', a affirmé Zonon Abdoulaye, de la Commission de la CEDEAO.

En misant sur la transformation locale, les deux pays pourraient non seulement réduire leur facture d'importation mais aussi créer des centaines de milliers d'emplois et renforcer la résilience alimentaire face aux chocs extérieurs.

Pour les promoteurs du projet, l'équation est claire : pas d'intégration africaine sans création de valeur locale. C'est le message martelé par la CEA : ‘'La ZLECAf ouvre la voie au marché unique africain, mais elle doit être nourrie par des chaînes de valeur solides'', a rappelé Joan Kagwamja, cheffe de la Section Terres et Agriculture de la CEA.

La Rédaction

Publié le 25/08/25 10:25

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

8YPP75ZTaS51fheX1xXk2WVO5ut0-A2Syl8Nmef9keg False