Gabon : La BAD prévoit un essoufflement économique en 2026 malgré les promesses de relance

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La Banque africaine de développement (BAD) table sur un ralentissement économique persistant au Gabon pour les deux prochaines années, avec des taux de croissance estimés à 2,3 % en 2025 et 2,1 % en 2026. Dans son rapport pays publié le 10 juillet 2025, l'institution panafricaine attribue cette contre-performance attendue à la baisse prévue de la production et des prix du pétrole, principal moteur historique de l'économie gabonaise.

Cette prévision intervient alors même que les nouvelles autorités, issues de la transition politique de 2023, ont multiplié les annonces de réformes et de relance depuis leur entrée en fonction. Mais selon la BAD, ces mesures n'auront qu'un effet limité à court terme, dans un contexte où l'économie reste fortement dépendante des revenus pétroliers, lesquels ont représenté 41,5 % des recettes budgétaires en 2024.

La croissance attendue sera principalement portée par les secteurs non extractifs. L'agriculture (notamment l'huile de palme), les mines (manganèse, or, fer), les travaux publics, ainsi que la demande intérieure devraient compenser en partie la baisse de régime de l'industrie pétrolière. La BAD anticipe aussi une inflation relativement maîtrisée, estimée à 1,7 % en 2025 et 2,3 % en 2026, grâce à la poursuite de politiques de stabilisation des prix.

Mais cette dynamique hors pétrole ne suffira pas à enrayer d'autres déséquilibres structurels. L'institution panafricaine s'attend à un creusement du déficit budgétaire, en raison de la baisse des recettes pétrolières conjuguée à une hausse des dépenses publiques. L'excédent courant devrait également se contracter, affecté par le recul des exportations.

Face à ces vulnérabilités, la BAD appelle le gouvernement gabonais à engager sans délai une consolidation budgétaire sérieuse. Cela implique, selon elle, une meilleure mobilisation des recettes non pétrolières – par la réduction des niches fiscales, la lutte contre les flux financiers illicites et la digitalisation du système fiscal – ainsi qu'une rationalisation des dépenses, à travers la maîtrise de la masse salariale et la réduction du train de vie de l'État.

La BAD insiste également sur l'importance de renforcer la gestion de la dette publique. Une approche plus intégrée et transparente est recommandée, incluant le reprofilage de la dette, la publication rigoureuse des données et un meilleur suivi des arriérés, dont le poids reste préoccupant.

À moyen et long terme, l'institution suggère de relancer une stratégie industrielle plus adaptée aux réalités actuelles, intégrant les enjeux de transition numérique, de décarbonation et de montée en gamme technologique. Elle appelle aussi à renforcer les infrastructures de base (transport, énergie, TIC), l'environnement des affaires, et à promouvoir une inclusion économique ciblant les jeunes et les femmes, notamment par des incitations à l'emploi privé et des formations adaptées aux besoins du marché.

La tonalité du rapport de la BAD fait écho à celle de Fitch Ratings. Dans une note rendue publique en juin 2025, l'agence américaine a maintenu la note souveraine du Gabon à " CCC ", un niveau qui traduit un risque de crédit très élevé. Elle justifie cette évaluation par une série de fragilités macroéconomiques persistantes. L'agence de notation de notation cite notamment, la dépendance excessive aux revenus pétroliers, déficits budgétaires récurrents, arriérés de paiement, et accès limité aux marchés financiers.

Fitch souligne notamment que la dette publique reste lourde, à 75 % du PIB, et que les arriérés budgétaires atteignaient encore 2,8 % du PIB en 2024, répartis entre créanciers domestiques (1,2 %) et internationaux (1,6 %). Même si l'agence anticipe un léger recul de ces arriérés, elle ne prévoit pas leur résorption complète à court terme. Elle projette un déficit budgétaire de 2 à 2,5 % du PIB en 2025 et 2026.

Le gouvernement gabonais a réagi le 24 juin par la voix du ministère de l'Économie, des Finances, de la Dette et des Participations. Tout en affirmant prendre acte de l'évaluation de Fitch, il considère que cette notation ne reflète pas " suffisamment les signaux positifs récemment observés ", comme la tenue d'élections jugées transparentes en avril 2025 et la volonté affichée de rétablir les équilibres budgétaires dès 2026.

Les autorités mettent également en avant les efforts engagés pour améliorer la transparence budgétaire, restructurer la dette domestique et refinancer les échéances à venir.

Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 26/07/25 09:53

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