À l'issue d'une rencontre tenue ce 29 novembre au Palais Rénovation entre le président Brice Clotaire Oligui Nguéma et les dirigeants d'Eramet/Comilog ainsi que de Setrag, le gouvernement gabonais a réaffirmé sa volonté de revoir en profondeur sa participation au capital de l'opérateur ferroviaire. Avec seulement 9% des parts, Libreville juge sa position insuffisante au regard des enjeux stratégiques du Transgabonais et des investissements publics croissants. Cette revendication survient alors que l'Union européenne et l'Agence Française de Développement viennent de mobiliser 200 millions d'euros pour le Programme de Modernisation et de Sécurisation (PMS) du chemin de fer, renforçant encore le rôle central de l'État dans le financement des infrastructures.
Pour l'exécutif, la situation financière fragile de Setrag, la dégradation du service ferroviaire et les déséquilibres structurels de l'entreprise imposent une nouvelle approche. Le rail, colonne vertébrale de l'acheminement du manganèse et des flux économiques nationaux, ne peut plus fonctionner sous un modèle où l'État assume la majorité des investissements tandis que l'opérateur privé conserve le contrôle opérationnel et l'essentiel de la valeur créée. Libreville souhaite ainsi réaffirmer son rôle de puissance publique, piloter plus efficacement la modernisation du réseau et rééquilibrer le rapport de force avec l'actionnaire majoritaire.
Dans cette dynamique, le gouvernement entend instaurer un modèle économique plus transparent et plus durable. La révision des tarifs, la création de zones de péage, l'installation de postes de pesage et la lutte contre les abus de position dominante figurent parmi les mesures envisagées. Par ailleurs, les revenus destinés à l'État devront désormais être versés directement au Trésor public afin d'assurer une meilleure traçabilité et une juste contribution de Setrag au budget national. Cette restructuration vise à garantir l'efficacité du service public ferroviaire et la sécurisation d'un réseau indispensable à l'économie gabonaise.
Pour porter cette réforme globale, un groupe de travail interministériel analysera la convention liant l'État à Setrag et proposera les ajustements nécessaires à sa modernisation. Au-delà de la seule renégociation capitalistique, il s'agit de repenser les fondements du partenariat ferroviaire afin d'en améliorer la gouvernance et la performance. En toile de fond, une perspective s'esquisse : cette refonte pourrait ouvrir, à terme, la voie à une plus grande concurrence dans le secteur ferroviaire, permettant l'arrivée de nouveaux acteurs et marquant ainsi la fin du monopole historique sur le Transgabonais.
La Rédaction
Publié le 02/12/25 15:52


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