L'Afrique s'apprête à vivre l'une des plus fortes accélérations du transport aérien mondial. Selon les projections 2025–2044 de Boeing, la flotte commerciale du continent devrait plus que doubler pour atteindre 1 680 appareils, soutenue par une croissance annuelle du trafic passagers estimée à 6 %, bien au-dessus de la moyenne mondiale. Jeunesse démographique, élargissement de la classe moyenne, urbanisation rapide et investissements dans les hubs aéroportuaires forment les ressorts d'un cycle de croissance inédit, qui repositionne les compagnies africaines, y compris low cost, au cœur du développement intra-continental et des liaisons vers l'Europe et le Moyen-Orient.
Pour absorber cette demande, le constructeur prévoit 1 205 livraisons sur vingt ans, dont 865 monocouloirs, devenus indispensables pour densifier les réseaux domestiques et régionaux, de Lagos à Addis-Abeba en passant par Johannesburg et Casablanca. Les gros-porteurs, eux, resteront stratégiques pour soutenir l'expansion internationale de transporteurs comme Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc ou EgyptAir, sur fond de modernisation des flottes long-courriers et d'ouverture de nouvelles routes intercontinentales.
Boeing voit également un rôle croissant pour les transporteurs low cost africains, dont les modèles point-à-point et les appareils de nouvelle génération pourraient combler les déficits de connectivité qui freinent encore les échanges économiques entre grandes métropoles du continent.
L'accélération du trafic aura un effet d'entraînement massif sur l'écosystème aérien africain : la demande en services, maintenance, pièces détachées, services numériques, formation, est estimée à 130 milliards de dollars, tandis que 74 000 nouveaux professionnels (pilotes, techniciens, hôtesses et stewards) devront être formés d'ici 2044. Un défi industriel et logistique qui nécessitera des investissements soutenus dans les infrastructures, les centres de formation et les capacités de maintenance, appuyés par des initiatives continentales telles que le Marché unique du transport aérien africain (SAATM).
Le cargo, bien que plus modeste que le trafic passagers, devrait aussi profiter de la dynamique, stimulé par la montée du e-commerce et des exportations agricoles et minières, avec une demande mêlant appareils neufs et conversions d'avions d'occasion. Pour Boeing, l'Afrique s'impose clairement comme l'un des fronts les plus prometteurs de l'aviation mondiale — un marché où accessibilité, efficacité opérationnelle et renforcement des hubs régionaux feront la différence dans les vingt années à venir.
La Rédaction
Publié le 03/12/25 09:59


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