Le Bulletin statistique de la dette de mars 2025 révèle une forte concentration des échéances sur une période allant de 2026 à 2027. Plus de 59,5 % de l'encours est logé dans des maturités de 5 à 20 ans, avec des pics de remboursement déjà identifiés dans deux ans. Cette structure crée un véritable ''mur de la dette'', c'est-à-dire une accumulation d'échéances lourdes à court terme qui risque d'étouffer le budget.
La Banque mondiale met d'ailleurs en garde contre ce phénomène, soulignant que " l'absence d'une stratégie de refinancement claire expose le pays à des chocs budgétaires imprévus ". Si le Gabon doit rembourser ou refinancer simultanément plusieurs centaines de milliards, il lui faudra soit mobiliser de nouveaux emprunts, ce qui grèvera drastiquement les dépenses publiques, soit procéder à des ajustements budgétaires douloureux. L'économie nationale et la volonté de diversification pourraient en payer le prix.
Ce mur de la dette est d'autant plus inquiétant que les conditions actuelles des marchés financiers sont défavorables. Les taux d'intérêt mondiaux élevés rendent tout refinancement coûteux, tandis que l'endettement global du Gabon réduit déjà ses marges de négociation. Les partenaires bilatéraux et multilatéraux, eux, exigent des réformes structurelles en échange de leurs appuis.
Ce scénario pourrait entraîner des coupes drastiques dans les dépenses sociales ou d'investissement, aggravant potentiellement les tensions sociales. Pour anticiper ce choc, le gouvernement prépare un plan national de développement et de croissance de plus de 10 000 milliards de FCFA, ainsi qu'une stratégie proactive de reprofilage de sa dette, en allongeant les maturités et en convertissant une partie des emprunts en instruments concessionnels. Une anticipation qui pourrait permettre d'éviter une crise budgétaire d'ampleur, aux conséquences durables pour la stabilité macroéconomique.
Idrissa DIAKITE
La Rédaction
Publié le 25/08/25 13:16