Au Ghana, la tension monte dans la filière cacao. Une coalition regroupant plusieurs centaines de milliers d'agriculteurs a annoncé son intention de bloquer l'accès de leurs plantations aux agents du COCOBOD, le régulateur public, pour dénoncer le prix d'achat fixé pour la prochaine campagne 2025/2026, rapporte Reuters. Les producteurs estiment que ce tarif, jugé trop bas, risque d'encourager un flux massif de contrebande vers les pays voisins.
Le 4 août, les autorités ghanéennes ont fixé le prix plancher à 51 660 cedis (environ 4 783 dollars) la tonne, soit 3 228 cedis pour un sac de 64 kg (soit environ 2 500 FCFA le kilogramme). Cette révision, qui représente une augmentation de seulement 4 % par rapport à la saison précédente, a été timidement accueillie par les producteurs. Selon Theophilus Tamakloe, vice-président de la Ghana Cooperative Cocoa Farmers and Marketing Association, ce prix ne reflète pas la promesse gouvernementale d'aligner la rémunération des paysans sur 70 % du prix CAF, ce qui aurait conduit à environ 3 800 cedis par sac.
Voir aussi - Le Ghana fixe un prix d'achat de 2 500 FCFA/kg pour la campagne 2025/2026
Certains producteurs, à l'image de Kwame Alex, élu " Meilleur Producteur de Cacao " lors des récents prix nationaux, soulignent l'écart d'environ 700 cedis par sac avec le prix ivoirien. " Cette différence pousse forcément à la contrebande ", a averti Kwame Alex, élu " Meilleur Producteur de Cacao " lors des récents prix nationaux. " Si j'habitais près de la frontière, il est probable que toute ma récolte parte en Côte d'Ivoire ", avait alors renchéri Theophilus Tamakloe.
Une menace pour la filière nationale
La grogne prend une tournure inquiétante avec l'appel à exclure les agents du COCOBOD des plantations. Ces derniers assurent des missions essentielles de suivi, de contrôle des cultures et de formation technique. Leur mise à l'écart pourrait déstabiliser davantage une filière déjà confrontée à de fortes pressions.
Le Ghana a déjà payé le prix fort de la contrebande : environ 160 000 tonnes de fèves auraient quitté illégalement le pays vers les États voisins lors de la campagne 2023/24, selon les estimations du régulateur.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 20/08/25 17:40