Le Big Three de la notation financière mondiale est unanime sur le cas du Ghana. Une restructuration de la dette du pays impliquant des moins-values pour les créanciers locaux comme internationaux pousserait les agences à le classer dans la catégorie des placements impossibles de remboursement. Après Moody's et S&P, Fitch vient de tirer la sonnette d'alarme dans une nouvelle évaluation en abaissant la notation par défaut des émetteurs à long terme en monnaie locale du Ghana de " CC " à " C ", très proche du défaut de paiement.
Cette note complique davantage la possibilité pour le pays de se financer sur le marché local. " La dégradation de la note du Ghana fait suite à l'annonce par le gouvernement d'une invitation formelle à échanger la dette en monnaie locale. Fitch considère qu'il s'agit de l'initiation d'un processus de type défaut ", justifie l'agence dans son communiqué publié ce 8 décembre.
Le 5 décembre dernier, Accra annonçait aux créanciers locaux son intention d'échanger leurs obligations existantes contre de nouvelles, pour payer des coupons nettement inférieurs (dont 0 % en 2023, 5 % en 2024 et 10 % à partir de 2025) et rallonger les échéances.
" Fitch rétrogradera la dette en monnaie locale à " RD " (en défaut de paiement, Ndlr) après l'achèvement de l'échange de la dette, que le gouvernement attend actuellement le 20 décembre ", écrit l'agence.
La note de la dette en devises étrangères du pays a, elle, été maintenue à " CC " par l'agence en prévision du programme de réforme macroéconomique en négociation avec le Fonds Monétaire International (FMI). Aux prises avec une inflation qui est montée en flèche (+40%), une dévaluation de plus de 50% du Cedi et des intérêts sur sa dette qui représentent plus de 70% des recettes internes, Accra négocie jusqu'à 3 milliards de dollars auprès de l'institution de Bretton Woods pour renflouer ses caisses. Le président Akufo-Addo a appelé les Ghanéens à soutenir ses efforts à un moment où le pays est durement touché par les conséquences de la pandémie mondiale et de la guerre en Ukraine.
Fernand Ghokeng
La Rédaction
Publié le 09/12/22 15:27
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