La Banque du Ghana a décidé de durcir ses procédés, ce 20 août 2025, en interdisant aux banques commerciales de verser des paiements en devises aux grandes entreprises, sauf si ces opérations sont adossées à des dépôts équivalents préexistants.
Cette décision, qui concerne notamment les sociétés de distribution de produits pétroliers et les compagnies minières, répond à une préoccupation grandissante : l'érosion de la stabilité du marché des changes sous la pression des retraits massifs en devises.
Une pratique jugée déstabilisatrice
Dans sa note officielle, la Banque centrale explique avoir constaté une multiplication des retraits en devises par de grands acteurs économiques sans couverture préalable en dépôts. Cette pratique exerce une pression artificielle sur la liquidité du marché et fragilise les efforts de stabilisation déjà entrepris.
Dorénavant, les banques devront s'assurer que tout décaissement en devises est strictement adossé à un dépôt équivalent. Elles auront également l'obligation de documenter rigoureusement la source des fonds pour chaque transaction.
Le secteur visé n'est pas anodin. Les compagnies pétrolières, minières et autres grands groupes sont à la fois essentiels pour les approvisionnements du pays et de gros consommateurs de devises pour leurs importations et rapatriements de revenus.
La Banque du Ghana insiste toutefois sur sa volonté de ne pas perturber l'activité de ces entreprises stratégiques. Elle affirme avoir mis en place, en partenariat avec le gouvernement, des mécanismes de liquidité en devises destinés à couvrir les besoins légitimes d'importation. L'objectif est donc d'encadrer les flux tout en évitant les ruptures d'approvisionnement.
Préserver la stabilité du marché des changes
Au-delà de l'annonce, cette mesure traduit la volonté de la Banque centrale de resserrer les mailles du filet réglementaire dans un contexte où le cedi ghanéen subit une forte volatilité. En limitant les retraits massifs non adossés, l'institution espère contenir les déséquilibres entre l'offre et la demande de devises.
L'initiative s'inscrit dans une logique plus large de gestion active des réserves de change, visant à réduire la pression spéculative et à protéger les secteurs sensibles, comme l'énergie et l'alimentation, des chocs externes.
Pour certains analystes, cette mesure pourrait même améliorer la prévisibilité du marché des changes et, à terme, contribuer à stabiliser le cedi. Cependant, son efficacité dépendra de deux facteurs clés : la capacité des entreprises à s'adapter sans perturber leurs chaînes d'approvisionnement et la mise en œuvre cohérente des mécanismes de liquidité promis par la Banque centrale.
La Rédaction
Publié le 21/08/25 13:45